« Car Dieu est Amour »…

Les obsèques chrétiennes, ce n’est pas tant regarder la mort et ses dégâts dans nos esprits et nos cœurs que contempler les merveilles humaines dans une existence dont le parcours est parvenu à son terme. La mort, pour les chrétiens, n’est pas un anéantissement, une plongée dans le néant, mais davantage une transformation, un basculement, un transfert, une transplantation, un passage et un accostage à l’autre rive pour une vie qui se poursuit en celle de Dieu, mais ailleurs et autrement. D’où le mot « Pâques », « passage », pour parler de la vie éternelle.

N’allons surtout pas soupçonner les chrétiens d’être insensibles à la souffrance ou d’être des idéalistes aveugles devant les malheurs de la mort d’un être cher ! Ils souffrent de douleurs et pleurent toutes les larmes de leur corps. Ils sont remplis d’empathie et de compassion pour ceux et celles que la mort blesse. Toutefois ils ne restent pas debout à regarder la croix où la mort accomplit son œuvre sans se sentir appelés à retrouver et reconnaître le Christ vivant d’une vie qui l’a rendu différent. Cette espérance que cultivent les chrétiens leur offre de croire que la personne aimée a rejoint la vie et l’Amour de Dieu, à l’image des courants d’eau d’un fleuve qui se jettent et se répandent dans l’océan, après avoir été bordés et orientés par les rives qui les limitaient et les contenaient. D’ailleurs, pour les distinguer, on qualifie notre vie actuelle d’actuelle et de temporelle et celle qui nous attend de vie éternelle, c’est-à-dire sans limite de temps ni d’espace, pour évoquer la demeure en Dieu.

Mais comment être sûr que l’être dont la disparition de nos yeux et de nos maisons vient de se produire est arrivé chez Dieu et vit d’Eternité ? Deux moyens s’offrent à nous, me semble-t-il, pour être sûrs et certains et convaincus par la foi que leur vie est désormais en Dieu. Le premier appui est la chance de croire que Dieu n’est que vie, amour et miséricorde. Nous le savons par ce que Jésus nous en a dit très explicitement. Le deuxième appui est de contempler toutes les séquences admirables de l’existence dans lesquelles la vie de l’être aimé a ressemblé à l’amour de Dieu. Cet amour que tout être humain est rendu capable de jardiner et de faire fleurir en sa vie.

Ainsi, avec l’appui de l’Amour inaliénable de Dieu et les reflets de cet amour humain que le parcours de l’être humain en a donné, nous pouvons être dans l’Espérance qu’il est désormais vivant d’Eternité. Saint Jean n’a-t-il pas écrit ceci qui nous ravit de confiance : « Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu. Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est Amour »…