L’Europe…

Au cœur de l’explosion virale du Covid-19, nous n’oublierons jamais que des hôpitaux allemands, suisses et luxembourgeois ont ouvert leurs services à des malades français. Quelle émotion de penser qu’il n’y a pas si longtemps ces peuples se faisaient face en ennemis et se faisaient la guerre, et que maintenant ils ont choisi de construire pas à pas une Europe des Nations dans laquelle ils veulent vivre en paix, avec un esprit d’entraide et de fraternité.

D’ailleurs les accords qui ont été négociés et signés décidant d’emprunter ensemble 750 milliards d’euros pour faire face aux dégâts sanitaires et économiques, témoignent d’une volonté commune aux pays européens de « s’unir encore plus lorsque le pire survient ». La preuve en est que les aides seront réparties selon les besoins établis objectivement dans chaque pays suite à cette pandémie mondiale. Désormais la consigne du « chacun se débrouille avec ses propres moyens » ne sera plus prononcée. Au contraire, les problèmes et les solutions deviendront l’affaire de tous à la mesure des capacités de chaque peuple. Comment ne pas discerner dans ce choix européen une avancée considérable économique, sociale et politique, et, j’ose ajouter, spirituelle !

En effet, non seulement les petites nations ne sont plus livrées à elles-mêmes en étant réduites à affronter leurs propres difficultés dont elles ne se reconnaissent en rien responsables ni coupables, mais au contraire elles vont se sentir soulagées et encouragées par la communauté européenne animée non plus d’une visée ultralibérale, mais d’un esprit confédéral. Certains ténors y voient d’ailleurs déjà un danger pour chaque nation, à force de se lier aux autres, d’y perdre son identité et son autonomie. Pourtant, quel bonheur pour notre génération de pouvoir être témoin de cette considérable évolution des liens concrets entre les pays d’Europe !

Entre les dégâts immenses des deux guerres mondiales, tant de destructions matérielles, morales, sociales et spirituelles, et aujourd’hui cette solidarité fraternelle affichée, cette aspiration et cette décision de traverser « ensemble » les pires épreuves, cet élan vers le « bien commun » dans lequel chaque pays décide de « faire sa part », fût-elle asymétrique, en la comparant à celle des autres, tout cela me parait augurer d’un « monde après-pandémie » meilleur et préférable pour notre continent européen… et « exemplaire » pour les autres continents. Comment ne pas prononcer à propos de ces décisions le mot de « civilisation » !...