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Les billets du Père Lucien Marguet
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20 août 2020

Liberté chérie et parfois amputée ?

 

Le mot « liberté » tant de fois prononcé par des personnes en toutes langues témoigne à la fois d’une aspiration humaine universelle, d’une revendication là où elle est ressentie comme un manque, d’un droit à conquérir pour des peuples qui en sont privés. On parle de liberté de la presse, de liberté de s’exprimer, de manifester ses opinions, de faire grève, et bien sûr de liberté religieuse. La liberté est un droit à la fois individuel mais aussi démocratique quand il s’agit de droit des nations et des peuples.

Or la liberté individuelle se donne parfois la possibilité et le droit d’empiéter sur celle des autres, et même de l’agresser et de la compromettre. La caricature à l’excès de cette tendance, on la trouve en Amérique où l’on a vu des citoyens réclamer de choisir eux-mêmes d’appliquer ou non les mesures de protection imposées contre le coronavirus. Adopter cette posture qui donne la priorité au choix préférentiel de l’individu, c’est soumettre la collectivité au « bon vouloir » de chacun(e). Cette forme de liberté subjective menace en réalité la liberté et le vivre ensemble dans bien des cas. Si tout est permis à chaque être humain sans vérifier les conséquences qu’une décision peut entraîner sur les autres du groupe d’appartenance, alors cette liberté peut impulser une désagrégation et une atomisation.

Ces phrases que l’on entend parfois – « mon corps m’appartient, j’en fais ce que je veux » ; « je suis seul juge de l’utilisation de l’argent que j’ai gagné, j’ai le droit de le gaspiller selon ce qui me plait »… Tout être humain est en relation à d’autres et de ce fait relié à eux et redevable aux autres sous un mode réciproque. Personne ne peut dire « je n’ai besoin de quiconque car je suis seul maître de mon existence », autosuffisant fondamentalement. Chacun a vocation de recevoir et de donner, d’hériter et de transmettre, de changer et de progresser. Chacun est appelé à devenir plus libre en s’affranchissant des conditionnements qui l’influencent, et de rechoisir son itinéraire et son cap selon un référentiel de valeurs, parmi lesquelles la liberté personnelle qui n’incite pas à se replier et à s’isoler, mais qui plutôt soutient celle des autres. Cette liberté-là développe et alimente des formes de solidarité jusqu’à des pensées et des actes de fraternité.

La liberté de tout faire avec la Nature, mes capacités, mes biens, mes talents, est-elle légitime, ou au contraire ne peut-on dire que n’est vraiment authentique une liberté qui prend en compte et à cœur celle de tous en l’intégrant à la sienne ? L’avidité, la cupidité, l’instinct d’appropriation et de domination, mais aussi une soif de liberté et de droits comme un cours d’eau sans berges, voilà bien ce qui illustre la requête d’une liberté qui consisterait à « faire tout ce qui est possible et nous plaît ».

Dans les domaines de la vie politique, sociale, familiale, dans celui de l’éthique et de la bioéthique en particulier, la bonne question à se poser est plutôt celle-ci, ainsi formulée : « Ce que je réclame est-il de nature à accroître mon humanité et celle des autres, la collectivité et le vivre ensemble démocratique dans lesquels ma vie personnelle est inscrite ? » Oui à la liberté, mais pas n’importe laquelle !

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