Les églises sont moins fréquentées…

En regardant le petit nombre de places occupées chaque dimanche en de vastes églises, je me prends à penser à ce que des parents ressentent lorsque leurs enfants désertent la maison familiale. Chacun avait sa chambre pour dormir, un coin pour écrire et lire, sa place à la table pour accueillir et partager. Certes une église qui voit moins de paroissiens se rassembler et se transformer peu à peu en communauté de têtes blanches n’est quand même pas tout à fait à l’image d’une maison qui voit partir, heureusement, des jeunes membres vers le large de leur vie !

Pourtant des sentiments analogues doivent habiter le cœur des pasteurs et celui des parents. Du coup la maison jusqu’alors bien remplie et animée devient trop grande, et la vaste église aussi. Pourtant ces chers parents, tout en comptant vivre longtemps, espèrent bien que l’un de leurs enfants ou de leurs petits-enfants viendra s’installer et prendre la suite dans leur habitation. Les églises moins fréquentées aujourd’hui ne le seront-elles pas plus demain par de nouvelles générations qui auront retrouvé le goût spirituel de se recueillir et de prier ?

J’observe que la moindre fréquentation des églises n’incite guère à désaffecter ces lieux où ont été célébrés des grands événements de la vie familiale et sociale. Je pense aux baptêmes, communions, confirmations, mariages et obsèques. Sans entrer souvent dans ces lieux de prière, nombre de nos concitoyens les apprécient et sont rassurés de les voir debout et entretenus ! Il n’est que de voir l’immense émotion ressentie par beaucoup lors des incendies des cathédrales de Paris et de Nantes. Certes il s’agit dans ces deux cas de monuments fréquentés par de nombreux touristes pour contempler leur architecture et leurs sculptures témoignant de la foi et du savoir-faire génial de leurs concepteurs et constructeurs. Le touriste le plus pressé et le moins dévot n’est-il pas attiré et souvent bouleversé par la beauté et la gratuité exprimées dans ces édifices religieux ?

Certes les pasteurs apprécient que les lieux où ils célèbrent la foi de l’Eglise attirent du monde en assemblées ferventes et priantes. Ils sont parfois tristes de voir si peu de jeunes couples les rejoindre pour entendre la Parole de Dieu et venir communier à la table où Jésus offre sa vie à tous et chacun. Oui ! Ils ressemblent à ces parents qui se réjouissent d’accueillir leurs enfants, au moins de temps en temps, et d’écouter les récits de leur vie actuelle, de leurs projets, de leurs bonheurs et aussi de leurs ratés….

Ne constate-t-on pas souvent que ces jeunes qui ont réclamé à cor et à cris leur autonomie apprécient de pouvoir revenir dans la maison familiale pour saluer leurs parents et leur demander des conseils ? On a beau avoir abandonné la pratique religieuse et déserté les églises, on aime toujours s’y arrêter par intermittence, avant de peut-être un jour s’y asseoir « de nouveau »…