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Les billets du Père Lucien Marguet
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18 octobre 2020

Qu’appelle-t-on une « attitude pastorale » ?

 

Ce qualificatif « pastoral » attribué en priorité aux pasteurs dans l’exercice de leur ministère est souhaité, me semble-t-il, dans tous les comportements que doivent adopter tous les chrétiens lorsqu’ils accueillent, accompagnent, des personnes et des groupes au nom des communautés paroissiales, de mouvements apostoliques, d’aumôneries… Adopter d’abord avec tous une attitude « pastorale », c’est imiter le Christ pasteur dans ses positionnements au cours de ses divers déplacements. Le récit des « disciples d’Emmaüs » offre un bel exemple de cet esprit pastoral.

Jésus rejoint deux disciples en détresse pour marcher à leurs côtés et les écouter raconter ce que la mort de Jésus en croix a brisé dans leur cœur alors qu’ils avaient misé leur vie sur lui ! Ils fuient Jérusalem et ressassent ensemble leur déception profonde sur ce chemin de déroute. Ils ont tort, mais Jésus les accompagne d’abord. Le bon berger commence par suivre ses brebis tentées de s’éparpiller, ce qui lui permet en cours de route de leur révéler, à la lumière des Ecritures, la réalité cachée des événements qui viennent de se dérouler à Jérusalem.

Accueillir et laisser le temps à une personne de s’exprimer ne signifie pas que l’on approuve d’avance ce qu’elle dit et encore moins que l’on va la laisser « dans son état ». Mais il faut en passer par cette posture d’attente réceptive pour se voir crédité de pouvoir à son tour parler « avec autorité » et être entendu. Avant d’enseigner « en docteur », il faut d’abord être « pasteur ».

Les gestes de partage du pain à la table d’Emmaüs vont ouvrir les yeux et le cœur de ces deux disciples désemparés et inverser leur choix de quitter Jérusalem. Au contraire, et de nuit, ils rebroussent chemin, retrouvant la confiance et la force d’aller de suite rapporter aux autres cette rencontre inespérée. A aucun moment Jésus ne les brutalise ni ne les juge. Concrètement, dans les services religieux que nous effectuons, il nous revient d’abord d’écouter, de rejoindre, entendre et comprendre, parfois deviner ce qui n’est pas dit, à la manière dont nous savons, par les épisodes évangéliques, que Jésus procédait dans ses rencontres avec des gens de toute condition, conviction et religion.

Il a sans doute fallu aux deux disciples d’Emmaüs faire ce long « détour » et ces étapes successives pour « revenir » à Jérusalem lucides et « vraiment » croyants. A aucune étape de cet itinéraire Jésus ne les a lâchés. Il a cheminé à leurs côtés, de leur fuite de Jérusalem jusqu’à leur retour dans cette ville. Cela signifie que notre comportement ne pourra mériter le qualificatif de « pastoral » que s’il est capable d’accueillir toutes les situations traversées par les personnes et les groupes qui s’adressent à l’Eglise en se confiant à elle. Certaines vont attendre de la compassion, de la consolation, d’autres un soutien dans un engagement humaniste, d’autres encore auront besoin de gestes et de rites explicitement religieux. On doit admettre que chacun a son chemin, comme Pierre et Paul et la plupart des saints ont eu leur traversée avant ce que nous savons aujourd’hui de leur aboutissement.

Le bon berger va à la recherche de son agneau qui s’est égaré. Quand il l’a retrouvé, blessé dans les épines, il le met sur ses épaules et, tout joyeux, le ramène au milieu du troupeau qui l’accueille avec joie !

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