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12 février 2021

"Le lépreux guéri" 6ème dimanche du temps ordinaire (année B)

14 février 2021

 

Lévites 3 1-2-45-46 - 1ère Corinthiens 10 31 – 11 1 - Marc 1 40-45

 

La loi juive interdisait aux lépreux de se mêler aux gens bien portants. Non seulement parce que l'on pensait cette maladie contagieuse, mais surtout parce qu'on la considérait comme une punition d'un mal dont le malade s'était rendu coupable. La lèpre n'était pas seulement une maladie, mais aussi une impureté du cœur. Aussi le lépreux était-il tenu à l'écart tant que durait sa maladie. Et c'est le prêtre, personnage religieux, qui pouvait donner le feu vert pour sa réintégration. La lèpre représentait tout le mal de l'homme qui sépare et met à part. L'évangile du lépreux guéri est en condensé toute l'histoire du salut que Jésus accomplit.

Car le salut chrétien est global, total (corps, esprit, cœur et âme). Social, il intègre à la famille, la société, en rétablissant les liens, il est universel, personne, nulle part et jamais, n'est écarté du salut apporté par Jésus. Le lépreux dont parle Marc est le visage de ce salut qu'initie Jésus. Regardons cette scène de délivrance.

Le lépreux vient trouver Jésus. Selon les règles du Lévitique, cela lui était pourtant interdit. Il opère le passage de la Loi à la foi, sur lequel St Paul insistera tant. "Si tu le veux, tu peux me purifier". A l'évidence, pour ce lépreux Jésus n'est pas un inconnu, ni le premier venu. Ayant bien entendu le cri de cet homme, Jésus, à son tour, franchit les vieux interdits : il étend la main, le touche et du coup prend le risque d'être à son tour rendu impur et déclaré exclu.

Par ce choix de ne pas s'écarter mais au contraire de s'approcher jusqu'à toucher le lépreux, Jésus nous révèle l'Amour de Dieu. Pas de haut, pas de loin, ni au-dessus, ni devant, mais avec. Jésus et le lépreux vont faire cause commune. Ainsi pouvons-nous considérer Jésus encore aujourd'hui pour nous. Quels que soient les fossés, les péchés, le mal, les lèpres dans lesquels nous sommes empêtrés. Jésus nous tend la main. "A l'instant même sa lèpre le quitta et il fut purifié". Mais Jésus connaît la loi. Elle exige que la guérison physique soit constatée par un prêtre chargé de la loi qui réintègrera socialement l'ancien lépreux. "Je ne viens pas abolir la loi et les paroles des prophètes", dira un jour Jésus, "mais les accomplir". "Je suis venu pour que tous aient la vie et qu'ils l'aient en abondance".Mais le résultat pour Jésus, nous dit St Marc, ne se fait pas attendre. Le statut de Jésus après cette guérison devient celui du lépreux : "Il n'était plus possible à Jésus d'entrer ouvertement dans une ville. Il était obligé d'éviter les lieux habités". Dans le Livre des Lévites (13 46), il est écrit à propos du lépreux : "Il habitera à l'écart, sa demeure sera hors du camp". Dans le même temps où une hostilité ira grandissant contre Jésus, jusqu'à l'arrestation, la Passion et la Croix. "De partout, en même temps on venait à lui". "La pierre que rejetteront les bâtisseurs deviendra pierre d'angle".

Une fois encore, dans cet évangile, Jésus apparaît comme quelqu'un dont la liberté est entière, la volonté de sauver résolue, dont l'assurance d'être dans le vrai est sans détour mais avec une attitude modeste et humble. Il prend sur lui. Jésus ne sélectionne ni les souffrances, ni les gens qu'il peut porter. Il ouvre ses bras et son cœur à tous, quelles que soient les limites, les faiblesses et les misères. Ce faisant, il se montre témoin de l'Amour de Dieu. Jésus est vrai homme et vrai Dieu.

Cette page d'Evangile n'est pas tant le récit d'un miracle que le dévoilement lumineux de l'authentique visage de Dieu. La lèpre symbolise le mal, la laideur, l'impureté. Or, non seulement Dieu, en Jésus, ne s'en éloigne pas, mais au contraire il s'en approche, le côtoie, le touche. Dieu chrétien est touché de compassion pour le lépreux, et, bien plus encore, il le touche. On est loin des dieux assis sur un piédestal, protégés par un cordon sanitaire et sécuritaire, qui méprisent et repoussent tous les gueux et contagieux de la terre. Il est clair et net que Jésus est venu vraiment et réellement partager notre condition humaine, y compris le mal qui le blesse. On est loin des sectes qui prétendent trier et sélectionner les bons et les méchants, et désigner les sauvés et les condamnés. On est loin de ces religions prétentieuses qui croient détenir Dieu et l'exclusivité de la vérité. Comme si on pouvait posséder Dieu et vouer à l'enfer ceux qui ne pensent pas comme nous… Ainsi cet évangile du lépreux nous révèle le vrai visage de Dieu : celui d'un Dieu attentif, rempli de tendresse paternelle, et, bien sûr, comme Jésus le montre, disposé à soutenir notre lutte contre toute lèpre : physique, morale, mentale, spirituelle.

Que ce partage de la Parole et le partage du Pain de Vie de cette Eucharistie soient pour nous réconfort dans notre vie.

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