Saint-Joseph, travailleur

Tout travailleur est en droit d'être justement rémunéré et aussi gratifié et honoré pour ce qu'il fabrique, contribue à faire exister ou les services qu'il rend à la société. Certaines activités professionnelles, il est vrai, sont plus facilement repérables et valorisées que d'autres plus cachées et pourtant non moins importantes. La période de pandémie virale nous a interpellés à ce sujet. Le personnel médical au chevet des malades sur le front de la lutte contre les attaques de la maladie virale a mérité notre attention et notre admiration. Bien sûr le monde entier est redevable de gratitude aux chercheurs de médicaments et de vaccins !

Mais la liste des métiers mis à contribution durant cette pandémie ne s'arrête pas là ! Nous devons lui ajouter les vendeurs de produits alimentaires, les caissières sans oublier les personnes chargées de la propreté, de l'hygiène dans les magasins. Nous pensons aux enseignants depuis le jardin d'enfants jusqu'au campus d'étudiants, en présentiel ou devant leur écran d'ordinateur. Et tous ces métiers au service de l'ordre protecteur de notre vie sociale, de nos cités, de nos routes, chargés de faire appliquer les lois et décrets ! Je pense aussi à tous ces métiers de bouche, de culture, de sport, de loisirs, sur les lieux d'accueil touristique et de vacances. Je pense aux métiers de transport de voyageurs et de biens matériels par le fer, la route ou l’air… Et tous ces métiers obligés de se replier dans les maisons et les appartements et de travailler par visio à distance.

En cette fête de saint Joseph travailleur, artisan charpentier de Nazareth, que Jésus a sans doute souvent rejoint dans son atelier, comment ne pas associer dans un même merci tous les travailleurs du monde : depuis ces femmes qui en certains pays d'Asie cassent de gros rochers pour les réduire en petits cailloux qui seront incorporés dans le béton des constructions, en passant par ces enfants assignés à garder les brebis et les chèvres dans les savanes africaines, ou ces cireurs de chaussures sur les trottoirs des villes indiennes. Je n'oublie pas ces travailleurs membres de l'équipe de Thomas Pesquet parti pour six mois explorer les mystères de l'espace terrestre…

En ce 1^er mai, il faut aussi mentionner la catégorie professionnelle des diffuseurs et commentateurs de l'histoire et de l'aventure humaine présente, passée et future, les philosophes et les penseurs, les religieux et religieuses investis dans ce flot de petits et de grands événements, plus ou moins marquants et importants !

J'écris ce billet pour faire apparaître que le travail de chaque être humain est un temps, un lieu, un service d'autrui dans lequel se révèle souvent le meilleur de l'homme se faisant reconnaître dans son identité et sa dignité. Par ce que le travail produit, chacun est ainsi relié et même associé aux autres en donnant ou en recevant les fruits de ses travaux ainsi partagés.

Dans ma vie pastorale j'ai souvent eu l'occasion d'indiquer aux chrétiens qui m'interrogeaient sur la sainteté que leur vie professionnelle et leur vie familiale sont des lieux privilégiés pour vivre l'Évangile de vie du Christ. Saint Joseph est l'un de ces exemples que l'Eglise nous invite à imiter dans sa discrète et pourtant efficace présence au sein de la Sainte Famille. Sans doute le pape François y pensait-il lorsqu'il a souhaité que l'Eglise dédie cette année à saint Joseph de Nazareth…