5ème dimanche de Pâques - La vigne

Saint Jean 15 1-11

Aucune image ne peut à elle seule signifier la totalité du mystère du Christ et de notre relation à lui. Ainsi en est-il de la métaphore de la vigne qui pourtant est déjà très éclairante sur l’Eglise, vigne de Dieu dont nous sommes les sarments.

Alors que Jésus sait qu'il va mourir, il invite ses proches à lui rester unis comme les sarments à la vigne : "Demeurez en moi, comme moi en vous". Un sarment coupé du cep et du pied ne reçoit plus de sève nourricière. Aucune grappe ne peut naître de lui et porter des raisins. Il se dessèche. La sève que Jésus transmet, c'est l'amour. "Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour".

Etre chrétien, c'est choisir une vie unie à celle de Jésus. La sève de la vigne, c'est la vie divine accueillie au baptême. Dieu veut être uni à nous comme un Père l'est à ses enfants. Il reste aux enfants à intégrer ce lien à Dieu qui ne peut s'imposer. Le baptême est la démarche qui consiste pour des parents à reconnaître ce lien entre leur enfant et Dieu. Comme le torrent et la rivière reconnaissent qu'ils doivent leur existence à la source cachée de la montagne... Comme les grappes de raisins reconnaissent qu'elles ne peuvent donner que parce qu'elles ont elles-mêmes reçu la sève nourricière.

Pourtant, en choisissant de s'attacher au Christ, on ne renonce pas à sa propre identité singulière et particulière. Chacun demeure lui-même. Pierre, Paul, Jacques, Jeanne, Isabelle, car chacun de nous a sa vocation et sa personnalité. En même temps, l'ensemble des croyants, en étant unis à Jésus, sont unis entre eux, grâce à lui. Comme la terre, les sarments, les ceps, les racines ayant une fonction différente, formant pourtant ensemble la vigne. Communier, c'est donc choisir d'être relié au Christ, c'est aussi faire partie de l'Eglise et vouloir en devenir un membre vivant et actif. Ce lien au Christ par la foi fait de nous, réellement, des frères et sœurs puisque greffés et unis par le Christ par la vigne qu’est Jésus.

Ce qui rassemble et réunit une famille, c'est l'amour. L'amour, c'est la sève d'une famille. Celui du couple l'un pour l'autre. Celui des parents pour leurs enfants et celui des enfants pour leurs parents. L'amour unit et donne un vrai visage à une famille. Communier à Jésus dans l'hostie, c'est accepter l'amour qu'il a pour moi. Et comme cet amour pour moi il l'a aussi pour mes voisins, mes amis, pour tous les chrétiens du corps, cet amour de Jésus pour chacun nous unit, on dit même nous communie. Cet amour reçu, je dois aussi le rendre en échange : pour mes parents, frères et sœurs, mes amis de la classe et toutes les personnes que je dois respecter. Elles sont aussi aimées de Dieu. Aimer Dieu et les autres, c'est le fruit de la communion.

Ainsi tous les chrétiens forment ensemble la famille de celles et ceux, petits et grands, de toutes les races et de tous les continents, qui se savent aimés de Dieu, le Père universel, source originelle de toute vie sur terre et dans les cieux. Si une maladie s’abat sur la vigne, l’ensemble des sarments en souffre et la vendange est compromise. Des gels sévères, et voilà que la floraison et l’émergence de raisins sont détruites…

Prolongeons la métaphore. Les raisins récoltés et pressés qui deviennent un jour moût de raisin et fermentent pour devenir un vin de qualité ne sont pas destinés qu’aux vignerons et à ceux qui ont élevé et soigné la vigne, mais à beaucoup. L’Eglise, ses paroles, ses actes, l’engagement humain des chrétiens, ne profitent pas qu’à ceux-ci, mais à toute la société. Les valeurs humaines qu’elle défend et promeut bénéfient à la vie de tous. Comme tout vigneron aime sa vigne, quels que soient les aléas climatiques subis  qui mettent en péril la vendange, nous chrétiens, membres de l’Eglise qui alimente notre vie spirituelle et éclaire notre route, nous remercions Dieu de nous permettre d’être reliés et unis à l’Eglise, vigne de Dieu dont nous sommes les sarments.