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Les billets du Père Lucien Marguet
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6 mai 2021

L'Eglise, Peuple de Dieu

 

L'Eglise a reçu la mission de diffuser l'Évangile de vie proposé par le Christ en paroles et en actes. Si cette œuvre est envisageable, est-elle pour autant réalisable ?

En effet prendre Jésus comme "chemin, vérité et vie" passe par la liberté de conscience et les engagements positifs de celui qui reçoit l’appel à devenir et vivre en chrétien. L'évangélisation se fait à travers les cultures, l’histoire, les événements heureux et douloureux traversés par les peuples. L'Évangile annoncé a besoin de s'incarner. Or ces conditions imposent à la proposition de la foi chrétienne un tact, un respect immense de tout être humain en son parcours existentiel particulier et collectif. L'Eglise ne peut recourir au passage en force. Ce qu'elle propose - plus de liberté, de droits et de justice, de pardon et d’Amour -, elle doit le vivre lorsqu'elle le propose à d’autres. Pas même Dieu ne recourt à l'intimidation ou à toute forme de puissance pour obliger quiconque à croire en lui.

En saint Jean nous comprenons de la bouche même de Jésus que le groupe des disciples a certes sa place dans le monde, mais qu’il doit en être distingué et non confondu ou fusionné avec lui. Sinon l'Esprit qui l’anime risque l'asphyxie par le conditionnement de l'esprit mondain, matérialiste par exemple. L'annonce de l'Évangile suppose donc d'aimer partager la vie de ce monde tout en demeurant en mesure d'en discerner les manques, les erreurs, les dangers, les failles, et être assez audacieux et généreux pour proposer de croire au Dieu de Jésus. Imaginer une humanité tout entière croyant en Dieu jusqu'à l'uniformité, l'absence de différences et de divergences, de conflits entre humains, c'est sans doute rêver à des résultats improbables. D'ailleurs toute tentative comme celle de la tour de Babel en quête illusoire d'accord fusionnel et donc réducteur, Dieu lui-même la fait échouer, comme il a fait échouer celle de Babel en dispersant tous ces peuples réfugiés dans l'unanimisme.

Durant la prière sacerdotale qu’il prononce à l'adresse de son Père lors du dernier repas pascal pris au milieu de ses disciples, Jésus ne demande pas l'uniformité mais l'unité en son Amour. Seul Jésus peut rassembler et unir réellement et durablement puisqu'il est pour chaque croyant le seul logiciel de la conduite de sa vie. Lorsque Moïse fait sortir les Hébreux de leur période d'exil en Égypte, c'est une foule d'individus qui se retrouvent libres physiquement au désert, mais sans trop de liens conscients et profonds entre eux. Un risque d'individualisme manifesté par la fabrication et l'adoration d'un veau d’or, à la façon des peuples polythéistes, va menacer cette foule de fraîchement libérés. Cette foule ne deviendra un Peuple que lorsque Moïse, redescendu du Mont Sinaï, proposera de le suivre et d’adhérer aux dix commandements reçus par lui de la part de Dieu.

Si l'on peut qualifier l'Eglise de Peuple de Dieu, c'est parce qu'elle bénéficie de normes, de références, de vérités communes. Les images auxquelles Jésus recourt pour nous expliquer quelles relations il souhaite entretenir avec les croyants en Lui l’explicitent bien : il est comme un berger au milieu de ses brebis, comme une vigne qui alimente ses divers sarments de la même sève… L’Eglise, ce corps humain aux membres différents par leurs fonctions, figure le Peuple de Dieu uni par Jésus et un besoin de vie dont parle saint Paul.

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