7ème dimanche de Pâques (Année B)

16 mai 2021

Actes 1 15-17-20a-20c-26  - 1^ère de Jean 4 11-16  - Jean 17 11b-19

 Pendant trois ans, ils avaient vécu à ses côtés. Ils ne l'avaient pas toujours compris, mais l'avaient apprécié. Ils faisaient une équipe qui faisait corps. Or, l'Ascension est le moment de la rupture et de la séparation voulue par Jésus pour couper le cordon ombilical qui le relie encore à ses disciples. Il n'est plus devant eux comme un modèle à reproduire. Il va falloir chercher ailleurs. Mais où ? Au-dessus ? En avant ? La Pentecôte apportera la réponse, il sera au-dedans. L'Esprit, en intériorisant la présence et le message dans le groupe des disciples, en fait le corps vivant appelé à se déployer dans toutes les cultures et jusqu'à la fin des temps. Désormais nous n'avons d'autre guide que cette loi intérieure, inscrite dans nos cœurs et qui nous ajuste à la vie divine.

Ce 7^ème dimanche après Pâques nous situe entre l'Ascension et la Pentecôte. Jésus a physiquement quitté cette terre où il était venu habiter l'humanité. L'Esprit Saint ne l'a pas encore remplacé. C'est le temps du deuil qui fait passer du besoin de la présence sensible à la présence intérieure. Le temps du désir, du manque, de l'absence, temps d'attente et de persévérance. C'est le temps de l'acceptation où chaque disciple doit consentir à intégrer ce départ non comme un appauvrissement, mais comme un appel à prendre la suite de la mission de celui qui l'a commencée. Dans la séparation, un espace s'ouvre à la liberté, pour l'implication, l'engagement de chacun, l'initiative, le déploiement des charismes et des capacités de chacun.

L'Esprit Saint à la Pentecôte déclenchera les énergies et suscitera la force de témoigner chez des gens qui auront fini par intégrer que Jésus n'est plus là et que c'est bien à eux de prendre le relais, d'être ensemble l'Eglise du Christ. D'ailleurs n'avons-nous pas tous fait cette expérience qu'il faut accepter de voir mourir le passé pour vivre au présent et naître à l'avenir ? Nous détacher pour progresser.

Passer d'une école à une autre, passer dans la classe supérieure, c'est quitter des amis ; passer des examens, des concours, c'est se préparer à sortir d'un lieu pour entrer dans un autre, quitter l'école pour se diriger vers la vie active, c'est changer de monde et de statut social. Sortir de la sécurité familiale pour fonder un couple et une famille, c'est assumer sa vie, se prendre en charge, se lancer… Quitter la vie active et partir en retraite, c'est encore une étape marquante.

Ces Apôtres qui avaient suivi Jésus pensaient qu'il allait tout faire lui-même. Or à son départ il reste tout à faire. Et ce ne sera jamais fini. L'Eglise dure depuis 2000 ans. L'Eglise née de la Pentecôte vit le temps des témoins que sont les chrétiens.

La Pentecôte sera donc bien la fête de la naissance de l'Eglise, car l'Esprit ce jour-là est donné aux disciples de Jésus pour qu'ils poursuivent sa présence dans l'histoire, dans l'attente de son retour. Par l'Esprit, Jésus est au milieu de nous. Et il ne peut être parmi nous que s'il est en nous. A nous d'ouvrir notre cœur et de le laisser agir en nous…Il n'entre pas en notre vie par effraction. L'Esprit Saint ne s'impose pas. Il ne fait pas à notre place. Il est le vent, mais encore faut-il que nous soyons la voilure !

Entre l'Ascension et la Pentecôte, il y a comme un temps d'absence. Certes, dans ce temps de l'Eglise qui est celui de l'Esprit, le Christ est réellement présent dans sa Parole et son pain eucharistique. Accueillons-le comme chaque fois que nous nous rassemblons et redisons en mémoire de Jésus "Ceci est mon Corps". Pain de sa Présence réelle. Présence en ce Corps qu'est son Eglise dont nous sommes les membres.

Amen.