Une vie au ralenti…

Nés avec un handicap, physique, mental…, avec une malformation qui freine ou empêche l’usage d’un ou plusieurs organes, ou bien blessés lourdement suite à un accident, une maladie invalidante ou alors lors de combats guerriers, d’une tentative d’assassinat, ces hommes et ces femmes, quelles que soient les causes et origines de leur handicap, auront vécu leur existence avec des capacités réduites !

Certes les progrès de la médecine, bénéficiant des connaissances scientifiques pour diagnostiquer et des inventions technologiques pour soigner et adapter, sont d’année en année un combat mené par tous les soignants et les aidants. Dans les maisons spécialisées où elles ont été accueillies, dans les cliniques et hôpitaux, sur le terrain, que d’intervenants sont mobilisés pour contribuer, chacun pour sa part, à rendre possible et supportable l’existence personnelle, familiale et sociale de ces personnes affligées d’un handicap. Dans quel quartier de nos villes ou de nos villages, quelle salle de classe ou sur quel terrain de sport, dans quelle famille, n’avons-nous pas croisé et fréquenté une personne dont le cours normal de l’existence est sensiblement noirci et freiné ?

Dans ce monde où chacune et chacun, quelle que soit sa situation, détient les mêmes droits que tous, à commencer par un inaliénable respect de sa dignité, il nous est demandé de les entourer d’attention dans la discrétion. La société tout entière, puisant dans ses références humanistes, a le devoir de leur porter secours et de les soutenir par toutes sortes de moyens adaptés, mais loin de tout esprit d’assistanat qui serait comme un aveu de totale impuissance de la part de ces personnes en grande difficulté. Ce serait les humilier que l’entourage se rende indispensable au déroulement de leur vie. Au contraire, ce qu’ils peuvent faire par eux-mêmes peut leur être sauvegardé comme un signe visible de leur autonomie et de leur libre arbitre.

Tout handicap est une souffrance, certains disent même une inégalité, voire une injustice. Nous ne sommes pas tous égaux devant la vie. Cela est évident et pourtant certaines personnes porteuses de handicap dépassent parfois de beaucoup leurs limites par des exploits sportifs qui font d’elles des champions du monde reconnu « normal », ou des parents merveilleux que leurs enfants ne cessent de remercier pour leur amour et leurs dons pédagogiques.

Après avoir été prises en charge par les soignants et les spécialistes agréés, les personnes porteuses de handicap ont un chemin intérieur à effectuer afin de consentir à leurs limites tout en continuant leur combat contre celles-ci, dont certaines réussiront à se transformer en « qualités humaines » telles que le courage, la persévérance, la solidarité et la fraternité.

Frères et sœurs dont toute la vie a été « ralentie » par un ou plusieurs handicaps, n’allez surtout pas penser que vous avez été inutile et que votre parcours terrestre a été raté. Peut-être a-t-elle rayonné l’essentiel auprès de celles et ceux qui vous ont côtoyé, si votre sourire et votre amitié vous ont donné le visage authentique et vrai de l’Humain.