Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les billets du Père Lucien Marguet
Archives
Newsletter
25 novembre 2021

Saint Walfroy, disciple et missionnaire de Jésus

 

On peut légitimement se demander pourquoi le fait d'adopter pour soi-même la façon de vivre de Jésus dont nous parle la Bible et que l'Eglise se charge de diffuser aux quatre coins de la terre est admissible et légitime ! Saint Walfroy, en arrivant ici sur cette colline boisée, en déposant son paquetage au milieu d'un peuple nordique que les occupants romains maintenaient dans la forêt, a-t-il eu raison de viser à remplacer la religion animiste que pratiquait ce peuple par la foi chrétienne ?

Ce peuple avait en effet ses croyances, avec ses rituels, l'adoration de la déesse Diane - la déesse de la chasse -, et d'Arduina, celle de la forêt. Cette religion quasi instinctive, spontanée, comptait sur la nature pour assurer ses besoins alimentaires et sanitaires grâce aux fruits, aux herbes et au gibier de la forêt, avec cette conviction ancrée que c'est la nature qui donne la survie aux humains dont le rôle est de dépendre d'elle et de recevoir. On appelle cela la culture de la cueillette, de la récupération de ce que l'on trouve pour satisfaire les besoins que l'on a. Les divinités font alors fonction d'intermédiaires entre les forces et richesses de la nature et les humains. La religion consiste alors à leur rendre un culte pour activer leur faveur.

Vous pensez bien que cette posture de quémandeurs dépendant des éléments naturels – l'air, la terre, les arbres, les végétaux et animaux – installe les peuples plutôt dans la peur, la soumission, la méfiance, l'aléatoire. Or, pour autant qu'il faille développer du respect et de la bienveillance pour ces religions inventées comme des réactions de survie - on les retrouve dans les religions les plus diverses d'Afrique, d'Asie ou d'Amérique Latine aujourd'hui, ou même en occident -, on peut se demander s'il faut laisser ces peuples déjà religieux dans leur croyance et décider désormais de ne plus leur proposer l'Evangile de Jésus ni d'adopter la foi chrétienne. Laisser les gens, les peuples, dans leur religion traditionnelle et ancestrale peut-il être décidé par les chrétiens au nom de la tolérance et du respect des différences ?

Saint Walfroy n'a pu taire et enfouir en lui ce qu'il savait de Dieu et de l’homme par Jésus fait homme. Il s'est d'ailleurs efforcé d'en vivre à travers une existence dépouillée, modeste, humble, sans jamais recourir à la dérision ni à la violence. Il a vécu dans la proximité physique de ce peuple vivant de la cueillette et adorateur de divinités. Il n'a jamais renoncé à ce choix d'une vie rustique et rudimentaire et, du haut de sa colonne, a diffusé par sa voix et ses paroles des vérités humaines, des propos auxquels les habitants ont fini par souscrire, changeant ensuite de fond en comble leurs façons de vivre. Ils n'ont plus seulement tout attendu de la nature, ils se sont mis à cultiver, à élever des animaux, à mettre en commun leurs moyens et raisons de vivre. Ils ont ainsi contribué au développement intégral et global de cette région forestière devenue herbagère.

En effet l'Evangile leur révélait que Dieu les appelait à la liberté, à la prise d'initiatives, à la volonté de réagir et d'agir, en abandonnant leurs peurs de progresser, leurs méfiances des différences… Sur ce terrain de gens religieux, adorateurs de divinités rassurantes, Walfroy est venu proposer l'Evangile libérateur et sauveur qui ouvrait la voie à un développement humain dans lequel Dieu, la nature et les capacités créatrices de l'Homme s'associent en synergie équilibrée et harmonieuse. La foi chrétienne est source de développement humain personnel, familial et social !

Face à la soumission à la nature qui s'accompagne souvent d'une démission des capacités humaines et que peuvent sembler encourager les religions naturelles, la foi chrétienne, qui s'appuie sur la vie, les paroles et les actes de Jésus, invite non à s'en remettre à la destinée et au fatalisme, mais tout au contraire à pactiser avec les forces de la nature, à s'associer et à s'allier avec celle-ci. Avec Jésus, ce n'est jamais ou la nature ou l'homme, il s'agit davantage de synergie, de concertation, de négociation, de cogestion, et jamais d'exploitation, de domination, basées sur la méfiance et la méconnaissance, la démesure… L'air, l'eau, la terre, les forêts, les espaces célestes et terrestres forment ensemble, dans un équilibre à respecter, le milieu vital de l'Humanité, ainsi que des végétaux, des oiseaux et de tous les animaux… Détériorer volontairement ou inconsciemment ces rapports entre les environnements et les vivants, c'est abîmer la maison commune, comme l'appelle le pape François, et fragiliser la vie de ses habitants.

La foi chrétienne ne détruit pas la religion naturelle, elle l'accomplit réellement en donnant à la nature, ainsi qu'à la vocation et à la mission de l'homme, leur rôle plénier à assumer. Aujourd’hui, partout dans le monde, l’Evangile et son impact sur la vie humaine sont proposés par l’Eglise et ceux qui par leur baptême en sont membres. Baptisés, nous sommes ainsi des « envoyés ». L’Evangile ressemble à un feu entretenu par quelques-uns mais qui éclaire et réchauffe tous ceux qui s’en approchent.

Publicité
Publicité
Commentaires
Les billets du Père Lucien Marguet
Publicité
Les billets du Père Lucien Marguet
Publicité