Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les billets du Père Lucien Marguet
Archives
Newsletter
23 juillet 2022

17ème dimanche du temps ordinaire Année (C)

Dimanche 24 juillet 2022 

Genèse 18 20-32  - Colossiens 212-24  - Luc 11 1-13

 

 Les résultats chiffrés d’une opinion, d’une tendance, de l’approbation d’un choix, d’une orientation, sont-ils critères de vérité et de liberté, de bien et de juste ? La culture ambiante que nous inhalons chaque jour nous conditionne parfois en nous faisant croire que les chiffres élevés donnent par eux-mêmes de la qualité, de la vérité, forcément de la valeur. Si l’on fait un sondage d’opinion sur telle ou telle question et qu’une majorité générale se dégage, on risque d’en conclure que ce résultat est l’expression d’une vérité. Les grands chiffres d’adhérents, de partisans, de pratiquants nous impressionnent et nous rassurent. Les petits chiffres, les pensées, les croyances minoritaires nous inclinent à douter de leur bien fondé. Puisque les chrétiens sont minoritaires dans certaines régions et chez nous dans le domaine de l’éthique et de la morale, les chiffres des sondages leur donnent tort. Aussi je recommande à ceux et celles qui renoncent à penser trop en termes d’audimat et de sondages de se référer aux trois images que Jésus donne de la croissance du Royaume.

Une pincée de sel ne donne-t-elle pas toute sa saveur à un plat ? Un peu de levure bien mélangée, et toute la pate lève. Une modeste lumière bien placée et toute la pièce est débarrassée de l’obscurité !

Une poignée de chrétiens vivant l’Evangile, et voilà tout le milieu humain transformé ! 

Il ne s'agit pas tant pour Abraham de faire reculer et céder, capituler Dieu, que de faire éclater sa toute-puissance de vie et de pardon, de miséricorde. Ce dialogue pied-à-pied montre la foi du Père des croyants qu'est Abraham en son Dieu à qui il voue toute confiance. Sans doute à la suite d'Abraham sommes-nous conviés à une prière insistante puisque assurée de la toute-puissance de Dieu.

Ce célèbre récit biblique révèle aussi le lien profond et solide qui unit Abraham au peuple de Sodome et Gomorrhe, au-delà de la lucidité que détient Abraham sur les dérives morales et sociales, les péchés des habitants. Cela dit aussi que pour Abraham, si le passé est lourd d'erreurs, l'avenir peut être envisagé de conversion et d'amélioration. N'est-il pas préférable de changer le cœur du pécheur plutôt que de l'exterminer ?

On peut aussi trouver dans ce texte l'idée qui court tout au long de la Bible qu'un petit nombre de justes peut sauver un grand nombre de corrompus et de médiocres. Apparaît déjà dans cette perspective le libérateur que sera Jésus de l'humanité à la dérive. Souvent d'ailleurs l'Histoire montre que ce n'est pas le nombre, la quantité, mais la qualité, la trempe, la droiture intérieure, fusse d'un seul ou d'une poignée, qui provoque un sursaut et donne au bien de l'emporter. L'histoire de France est jalonnée de ces gens ordinaires que les événements ont transformés en êtres exceptionnels et providentiels qui ont choisi de consacrer toutes leurs capacités pour la liberté et l'intégrité de leur Patrie. Abraham est une première et belle icône de ces gens debout qui ne baissent pas les bras, mais entendent infléchir le circuit de l'aventure humaine, jamais contre ce que décide Dieu, mais avec son accord et plus encore son appui. 

Dans la lettre de saint Paul aux Corinthiens, l'apôtre veut nous faire comprendre que la foi au Christ nous libère de nos péchés : "Vous êtes ressuscités avec lui par la foi en la force de Dieu qui l'a ressuscité d'entre les morts." Car le salut et la liberté que nous recherchons ne sont pas que politiques, culturels, économiques, mais aussi intérieurs. On peut tout posséder, être riches de choses et de moyens, mais prisonniers de démons intérieurs, de vices, d'instincts primaires, de conditionnements qui nous rendent esclaves moralement. La foi en Jésus est source et mère de toutes les formes de libertés. Un péché récurrent en notre vie peut nous empêcher d'être vraiment libres et gâcher notre vie, et parfois celle des autres. 

Quant à l'évangile de ce jour, il nous rappelle la réponse que fit Jésus à ses proches qui lui demandaient de leur apprendre à prier, comme lui le faisait chaque jour à l'adresse de Dieu son Père : "Seigneur, apprends-nous à prier". "Que ton nom soit sanctifié" : connu, respecté, vénéré. "Que ton règne vienne" : que les pensées, les choix et les actes se calent sur la fréquence de Dieu jusqu'à transformer l'humanité. "Donne-nous le pain quotidien" : celui du corps, et aussi celui de l'âme et de l'esprit. Pas seulement les moyens de vivre, mais aussi les raisons et l'horizon. "Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés" : en effet, peut-on accueillir le pardon de Dieu sans nous être d'abord désencombrés en nous par le pardon offert à ceux qui nous ont blessés ? "Ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du mal" : comme le blé et l'ivraie poussent dans le même champ et se côtoient, le bien et le mal se fréquentent chaque jour en nous et autour de nous, dans le Monde. Jamais nous ne sommes à l'abri de tentations. Sans cesse nous avons à choisir, discerner, décider et nous engager. Seuls les bateaux amarrés au quai ne risquent pas de sombrer. Or notre vocation de chrétiens n'est pas de demeurer aux abris, mais d'aller sur les champs de bataille et de combat de la vie, personnelle, familiale et sociale, sociétale. 

Avec Abraham, avec saint Paul, qui, de persécuteur des chrétiens, devient après sa conversion le témoin avisé et zélé de Jésus, demandons à Dieu d'être en notre époque ce qu'ils ont été dans la leur.

Amen !

Publicité
Publicité
Commentaires
Les billets du Père Lucien Marguet
Publicité
Les billets du Père Lucien Marguet
Publicité