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14 août 2022

20ème Dimanche ordinaire (Année C)

14 août 2022

Jérémie 38,4.6.8.10 - Hébreux 12, 1-4 - Luc 12, 49-53

 

Lors de certains repas de famille élargie, il est parfois des consignes de ne pas parler de sujets qui fâchent : la politique et la religion. Alors que nous sommes épris de compréhension et d'unanimité, ces paroles de Jésus à ses disciples peuvent nous étonner : "Je suis venu apporter  un feu sur la terre et comme je voudrais qu'il soit déjà allumé... Pensez-vous que je suis venu mettre la Paix dans le monde ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division." Nous voilà avertis. Si nous choisissons de vivre en disciples du Christ, nous serons confrontés à la discussion et en opposition. Nous ne ferons pas l'unanimité. Si l'Evangile compte dans nos choix, nos engagements, si la foi influence nos comportements, sommes-nous toujours compris et approuvés ? 

L'Eglise a souvent expérimenté dans son  histoire la difficulté de délivrer le Message qu'elle a en charge. Par exemple aujourd'hui il suffit qu'un sondage donne numériquement majoritaire telle ou telle idée ou comportement pour que cela devienne légal et parfois normal, et même admis comme moral ! Et l'on passe alors du légal au moral avec une facilité déconcertante. Et comme l'Eglise doit promouvoir des vérités qui la précèdent, elle ne peut les modeler au gré des époques. Elle ne peut qu'en montrer l'actualité. On entendra certains dire 'l'Eglise n'est pas moderne". Comme si on attendait qu'elle soit à la remorque des modes et des vogues, des idées forgées à coup d'opinion publique et de pensée majoritaire. Faudrait-il faire approuver l'Evangile à l'applaudimètre ? Faut-il tout admettre, tout supporter, faut-il toujours se taire quand on est croyant sous le prétexte qu'il faut être tolérant ? L'Eglise doit-elle effectuer des sondages qui l'informent de sa cote de popularité, et les homélies se fier à l'audimat ? 

Les chrétiens n'auraient-ils pour rôle que de se fondre dans la société ? et de s'y conformer ? N'ont-ils pas certes à être au milieu, mais aussi distincts ? Voire à distance ? A entrer même parfois en résistance quand il s'agit par exemple de défendre l'humain ou des valeurs essentielles.

Si l'on regarde le Christ, on le voit se faire proche de tous avec de la compréhension, mais on le voit aussi dénoncer l'hypocrisie, le pharisianisme, le mensonge. Et il se fait des ennemis. 

Ah ! Nous le savons bien : on attend souvent des chrétiens qu'ils soient bons, généreux et bienveillants. Mais n'ont-ils pas aussi un devoir de promouvoir l'authenticité et la vérité, la lumière contre l'ombre. La charité, c'est souvent ce qui est attendu des chrétiens. Or la vérité est une exigence évangélique tout aussi importante. Car dans le champ du monde l'hypocrisie, le mensonge, la combine, le trafic doivent être combattus, et les graines de vérité doivent être semées. Certes avec amitié et fermeté, avec bienveillance et exigence. Tout en sachant bien sûr que la vérité ne se trouve pas seulement chez les chrétiens. En effet, l'Esprit Saint suscite la vérité dans beaucoup de coeurs humains sincères et honnêtes. La quête de vérité, de pureté, dépasse de beaucoup les cercles restreints des chrétiens. Il y a plus de gens épris de vérité qu'il n'apparaît dans le monde. 

Si dans ces derniers siècles il y a eu le temps de la conquête des libertés, celui des droits et de la justice, celui de la dignité humaine égale pour tous, le 21ème siècle ne serait-il pas celui du combat pour la vérité ? Au milieu d'une société hyper informatisée, médiatisée, chercher la vérité des évènements, des faits et des personnes, sans aucun doute, mobilisera les esprits et les consciences. 

Or lorsqu'on s'efforce de vivre non seulement dans la charité mais aussi dans la vérité, il arrive, - ce qui est arrivé aux prophètes et à Jésus lui-même -, que l'on déclenche l'opposition, la contradiction, voire la division. Les gens étaient divisés au sujet de Jésus. Etre chrétien n'est pas tout admettre, endurer passivement, c'est aussi assumer des choix, des engagements. C'est participer et risquer, c'est endosser les conséquences de sa foi. Avec lucidité, sérénité et humilité. Mais détermination. Dans une relation humaine, renoncer à parler vrai sous le prétexte de bonté dérive en démission et démagogie. A l'inverse, asséner les vérités sans bonté, c'est se montrer doctrinaire. En un mot, il ne faut pas choisir ou la vérité ou la charité. Il faut cultiver les deux. 

Le Christ et l'Evangile nous invitent à conjuguer charité et vérité, ensemble. Pour être à l'image de Dieu qui est Amour et Vérité. Demandons-le lui durant cette Messe comme une grâce à accueillir dans nos vies.

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