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Les billets du Père Lucien Marguet
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14 août 2022

Fête de l’Assomption de Marie

15 août 2022

 

On dit de Marie que sa vie a été entièrement tournée vers le service de Dieu et des autres. Ainsi a-t-elle pu présenter à Dieu une existence sans faute, accomplie et réussie. Dieu l’a accueillie « telle quelle » lorsqu’elle s’est présentée devant lui, et il l’a introduite pleinement dans sa vie trinitaire. Nous savons, nous, que notre vie doit être purifiée, tamisée, pour en trier ce que est bien, beau, bon, juste et vrai de tout ce qui l’assombrit d’égoïsme, d’orgueil, d’avidité, de cupidité, d’étroitesse, de refus et de recroquevillements.

Aussi demandons à Dieu d’ouvrir nos cœurs à l’image de Marie qui a tout donné d’elle-même au service de Dieu qui avait le projet de sauver l’humanité de ses trajectoires déviantes. 

* * * * * 

Notre vénération envers Marie, créature terrestre de Dieu, s'appuie sur des images que nous avons en tête. Ces scènes puisées dans la Bible nous touchent parce qu'elles reflètent notre humanité dan sa profondeur et sa fragilité. 

Marie jeune fille, généreuse et réfléchie, qui reçoit l'appel intérieur à devenir mère.

Marie, partie à marche rapide que lui permettent ses 16 ans, visiter sa cousine Elisabeth enceinte de Jean-Baptiste.

Marie et Joseph en déplacement à Jérusalem pour se faire recenser. Elle accouche à Bethléem, tout près. La naissance d'un enfant est un événement bouleversant pour un couple. Quel bonheur que le surgissement de l'aventure de la vie qui commence...

Marie devient mère. On l'imagine dans les attitudes et les gestes, les paroles et les regards, avec les sentiments d'une jeune maman. Or, tout juste né, Jésus est déjà en danger. Il faut fuir en Egypte pour échapper à la fureur d'Hérode. Joseph et Marie n'avaient pas prévu cet exil. Accueillir un enfant, c'est d'avance prendre toutes les dispositions qui seront nécessaires à sa croissance et son éducation. Joseph et Marie accomplissent le rituel prévu par la loi de Moïse. Ils obéissent aux traditions par conviction. Ils sont des croyants pratiquants fervents.

 Comme tous les parents, Joseph et Marie constatent que leur fils grandit et devient plus autonome. Il dialogue au Temple avec des docteurs de la loi. Il se forge une pensée personnelle argumentée. Quel parent n'a jamais été étonné, parfois agacé par un enfant qui s'affirme distinct et différent, voire en opposition ? Marie accueille ces évolutions. Si une femme met au monde son enfant, c'est celui-ci qui lui apprend à être mère, qui apprend à ses parents à le devenir.

A Cana, lors d'un mariage, Marie se montre féminine et attentive aux besoins d'une maison en réception. "Faites tout ce qu'Il vous dira", conseille-t-elle discrètement aux organisateurs embarrassés.

Peut-être souffre-t-elle un peu lorsqu'elle entend son fils déclarer à la foule : "Qui sont mon Père, ma mère, mon frère, ce sont ceux-là qui font la volonté de mon Père qui est aux cieux". Elle sait qu'elle doit s'effacer pour le laisser grandir et accomplir sa mission.

Marie a découvert progressivement quel itinéraire Jésus allait prendre. Elle l'a soutenu, accompagné et jamais empêché d'avancer dans cette direction où pourtant, avec les Apôtres, tel Pierre, elle le voyait risquer sa vie. Marie n'a jamais reproché à son fils d'en avoir trop dit et trop fait, de n'avoir pas assez pris de précautions. 

Elle revient aux moments où son fils a besoin de contempler le visage de sa maman qui lui a donné la vie et transmis les façons de se conduire. Pendant sa Passion, elle est là. Avec Jean au pied de la Croix, elle assiste à l'offrande suprême et extrême de sa vie. "Voici ton fils", dit le crucifié à sa mère. "Voici ta mère", dit-il au jeune apôtre bien aimé. Et quelle femme n'a jamais ressenti jusqu'au fond de ses entrailles de mère une douleur déchirante en contemplant Marie dont les bras s'ouvrent pour accueillir son fils que l'on descend de la croix. On sait combien cette scène a inspiré d'artistes peintres et sculpteurs, traduite en "pieta" toutes plus émouvantes les unes que les autres, qui se donnent à contempler dans nos églises. 

De nouveau, comme dans l'étable de Bethléem, Marie donne au Monde Jésus. Cette fois, un fils qui vient d'accomplir par amour, jusque dans la mort, le salut de l'Humanité. 

Frères et sœurs, après avoir évoqué quelques séquences de l'existence de Marie, maintenant je voudrais plaider pour une Eglise mariale, c'est-à-dire qui vit à la manière de Marie. L'Eglise mariale suit Marie dans la montagne avec elle à la rencontre de la vie. Elle rend visite aux hommes et aux femmes et, au-delà des stérilités apparentes ou de ce qui disparaît, elle est à l'affût de ce qui naît, de ce qui s'ouvre et devient possible, de la vie qui palpite en eux. L'Eglise mariale se réjouit et chante. Au lieu de se lamenter sur son sort et sur les malheurs du monde, elle s'émerveille de ce qui est beau sur la terre et dans le cœur des hommes. Elle y voit l'œuvre de l'Esprit de Dieu en eux. L'Eglise a vu Dieu sur le pas de la porte guetter l'improbable retour du fils, elle l'a vu se jeter à son cou, passer à son doigt l'anneau de fête et organiser lui-même la fête des retrouvailles.

Quand elle feuillette l'album de famille, elle voit Zachée sur son sycomore, Matthieu et les publicains, la femme adultère, la Samaritaine, des étrangers, des lépreux, des mendiants, un prisonnier de droit commun sur son poteau d'exécution, pardonné par Jésus lui faisant la promesse de l'accueillir au paradis. Alors on comprend pourquoi l'Eglise mariale ne désespère jamais de personne. Elle est pleine de compassion pour les blessés de la vie, refuge des pécheurs, mère de miséricorde. Comme pour Marie, son chemin n'est pas tracé d'avance. Elle connaît doutes et inquiétudes, nuit et solitude. C'est le prix de la confiance. Elle participe aux débats et aux choix du monde et prend part à sa conversation. Elle accepte de chercher.

L'Eglise mariale a son port d'attache à Nazareth, dans le silence et la simplicité. L'Eglise mariale parle avec tout le monde. Fait son marché, va chercher de l'eau au puits. Elle conduit les enfants à l'école de la vie. Elle est invitée aux tables des hommes. Elle partage les peines et les pleurs, les joies et les projets. Avec un humble courage elle se tient au côté des petits et des démunis. L'Eglise mariale laisser entrer le vent de la Pentecôte, le vent qui pousse dehors et qui délie les langues, libère de la peur et suscite les initiatives créatrices... 

Frères et sœurs, soyons de cette église mariale. Prenons Marie chez nous. Entrons avec elle dans "l'humble et déchirant bonheur" d'aimer et d'être aimés. Et l'Eglise sera dans ce monde, comme le disait Thérèse de Lisieux, "un cœur brillant d'amour". 

Désormais le chemin qui mène à Dieu et à la vie éternelle est ouvert et praticable par tous. Marie la première a emprunté ce chemin désormais ouvert à tous les humains par Jésus. Marie y a largement contribué avec humilité, douceur, patience, fidélité et confiance. En regardant Marie en sa vie, c'est notre vie que nous entrevoyons, et c'est pour cela que nous aimons la retrouver et la prier.

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