A ceux et à celles qui prétendent vider les poubelles de l’Eglise…

Simon-Pierre devait-il se voir reprocher le reste de sa vie d'avoir renié Jésus au moment de son procès et de sa condamnation ? Sa parole, sa mission d'annonce de l'Évangile devaient-elles être discréditées à cause de cette lourde trahison ? J'ai plutôt l'impression que ce fut une occasion pour Pierre de sentir sa condition humaine et d’apprendre que son autorité pour témoigner de Jésus mort et ressuscité devait toujours s’imprégner d'humilité ! 

Comme tout le monde, Pierre a besoin du salut et du pardon apportés par Jésus. L'entretien au bord du lac entre le Christ ressuscité et Simon n'est-il pas le signe que non seulement le premier des apôtres n'est pas définitivement disqualifié, mais que, s’il consent à être aimé par Jésus, il est chargé d'être témoin partout où il ira ! Je pense même que cette expérience malheureuse qui l’a meurtri a pesé lorsque Pierre s’adressait aux foules qui devaient avoir appris sa vulnérabilité humaine… 

Faut-il parler de Judas qui a vendu Jésus pour de l'argent alors que lui aussi était appelé à marcher à sa suite et qu’il a même mangé à sa table lors du repas d’adieu ! À l'inverse de Simon, il a pensé que sa lourde faute était impardonnable et que sa vie devait donc être supprimée. Le remords l’a poussé à se pendre. 

Je parlerai aussi volontiers de saint Paul qui n'avait pas connu Jésus et qui, en bon juif pharisien, croyait travailler pour la cause de Dieu en persécutant les premiers chrétiens. Il garde les habits de ceux qui lancent des pierres pour tuer Etienne. Mais lorsque sur le chemin de Damas il comprend qu'il fait fausse route – « Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » -, il se convertit radicalement et se met tout entier au service de la mission d'évangélisation. Saul a toujours reconnu ses erreurs et ses fautes dans ce temps de persécuteur actif. D'ailleurs, peu après son retournement, les foules à qui il annonçait le Christ se méfiaient de lui. Paul est pourtant devenu un héros de l'annonce du message chrétien. Des traces de son passage en Grèce et à Rome et bien sûr ses nombreuses lettres adressées à diverses communautés émergentes l’attestent. Paul de Tarse n'a jamais été disqualifié du fait de son passé. Au contraire il est la preuve vivante qu’à tout moment de son existence tout être humain peut entendre l'appel que lui fait Jésus à le suivre et à l'annoncer ! 

Certes des disciples se réclamant de Jésus, des prêtres, des religieux, des évêques, se sont parfois rendus gravement coupables de fautes d'agression et d’abus. Ils ont accompli ces forfaits à des moments de leur vie. Mais ces actes connus de tous et reconnus par eux doivent-ils pour autant effacer l'engagement pastoral et évangélique de tout leur ministère ? Je trouve même assez hypocrite la posture des gens qui jugent toute l'Eglise à travers ces déviations, certes graves et coupables. Je ne peux m'empêcher de penser à cette scène que nous rapporte l’Évangile où l'on voit Jésus recevant une femme prostituée amenée par des gens de bonne vertu pour qu'il la juge et la condamne : « Que celui qui s'estime sans péché lui jette la première pierre… Ils ne t'ont pas condamnée, moi non plus… Mais va et ne pèche plus ! » Est-il d'ailleurs des saints dont l’itinéraire soit indemne d'actes mauvais et coupables ! Et pourtant il nous arrive de les prier en confiance…