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Les billets du Père Lucien Marguet
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29 décembre 2022

« Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés »

Lc 6, 37

Critiquer les pensées, les paroles et les choix d'une personne jusqu'à la juger, c'est se croire autorisé à prendre sa place de « pilote » de sa propre vie. Or cette attitude qui consiste à se « substituer » s’avère injuste et inappropriée puisqu’on n’a pas connaissance des raisons, des motivations et des comportements de la personne accusée et non présente pour s'expliquer, voire se justifier. 

D'une manière générale, je n'apprécie pas du tout ces jugements à l'emporte-pièce qui sont proférés dans le dos de quelqu'un ! Ils montrent de la défiance, sèment le doute et affaiblissent le crédit de vérité et d'autorité de la personne désignée comme cible. Je trouve destructeur et intolérant de se faire juge d'une personne sans avoir en main le maximum d’éléments. Et comme tout être humain est doté d'une liberté de conscience qui lui permet de choisir selon une hiérarchie des valeurs auxquelles il se réfère, je préfère, par prudence et par respect, m’abstenir de juger selon mes propres critères puisqu'ils sont eux aussi relatifs à la culture, aux traditions, aux valeurs dont j'ai moi-même hérité. De quels droits et par quels pouvoirs aurais-je le droit de prendre mon point de vue comme une norme universelle qui devrait s'imposer à tout le monde et en tout lieu ? Ayons toujours une bonne dose de lucidité sur ce qui a « forgé », influencé nos mentalités et motivé nos actes et nos engagements. Tout être humain est aussi le produit résultant de schémas hérités. Chacun doit donc savoir discerner ce que l'itinéraire de son existence a reçu de conditionnements, qui ne lui donnent aucune autorisation de les imposer à d’autres ayant un cheminement différent. 

Je pourrais prendre un exemple pour illustrer ce propos : La figure du prêtre a changé dans l'Eglise de France puisque le clergé est beaucoup moins nombreux et ne peut couvrir tous les territoires comme il a pu le faire dans le passé. Du coup, il n'est pas rare d’entendre des reproches à l'adresse des prêtres actuels qui ne visitent plus les familles, en particulier nos aînés, et qui se font remplacer par des chrétien(ne)s, surtout des femmes, pour assurer le catéchisme des enfants et même assurer les obsèques des gens qui « passent » par l'Eglise ! Ces personnes qui jugent l’Eglise ignorent que l'on a changé d'époque et que les paroisses elles-mêmes doivent en tenir compte et s’adapter. Ces changements ont bien sûr des côtés déstabilisants et d'autres très positifs ! Quand j’entends des reproches aux prêtres de ne plus assurer leurs tâches aujourd'hui comme dans le temps, j'ai du mal à faire rattraper leur retard à ces gens qui recourent à l'Eglise par intermittence. S’ils consentaient à écouter pour apprendre et comprendre ! 

Des exemples similaires ne manquent pas dans la société… Je pense aux soignants et en particulier aux médecins exerçant dans le rural. Comme nous le savons, ils se font rares aussi, les jeunes médecins préférant exercer en ville ou dans les régions moins austères où la population est plus dense. Les généralistes ne vont plus beaucoup dans les maisons et demandent aux patients de venir à leur cabinet médical. Le corps médical s'est largement féminisé. Or la doctoresse doit rendre compatible ses trois missions d’épouse, de mère et de soignante. A l'évidence, cela implique une répartition de son temps qui n'a plus comme objectif exclusif de soigner les gens à tout moment comme ils l'entendent. 

« Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés ! », avant de savoir et comprendre…

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