A Dieu, Monseigneur Gaillot…

La mort récente de Monseigneur Jacques Gaillot dont la vie d'évêque s'est déroulée le plus souvent aux marges du fonctionnement habituel de l'Eglise a été pour moi l'occasion de me souvenir de l'un de mes professeurs apprécié par nous, séminaristes de Reims. Il se laissait déjà inspirer dans ses pensées et ses initiatives par les évangiles, à l'image d'un courant d’eau qui provient d'une source jaillissante. 

Le père Gaillot était venu pendant l'été passer plusieurs jours dans le quartier du Maroc, où s'était peu à peu formé un bidonville où j’intervenais avec quelques amis, en lien avec la démarche du mouvement ATD Quart-Monde créé par le Père Joseph Wrezinski. Nous avions demandé à ce prêtre originaire de l’Aisne et qui avait demandé de vivre en banlieue parisienne au milieu des plus pauvres, de venir expliquer les fondements et les objectifs de son mouvement. La grande salle des Cordeliers, alors propriété de l'église diocésaine, était comble. Le père Gaillot était dans la salle accompagné de nombreux séminaristes. Nous avons tous reçu le message que « les pauvres » sont nos maîtres. « Ce n'est jamais sans eux et toujours avec eux que l'on doit se liguer contre la misère ». Il nous invitait à devenir des alliés en pensées, en paroles et en actes. Je crois que Jacques Gaillot, qui deviendra évêque ensuite, avait reçu cet appel en plein cœur et que sa vie l’a incarné ! 

Dans mon parcours pastoral, j'ai eu plusieurs fois l'occasion de fréquenter le père Joseph à Pierrelaye où se situe le siège social du mouvement. J'étais sur l'esplanade du Trocadéro à l'inauguration de la plaque où sont inscrits la protestation et le refus de l'homme contre la misère. Dans une cathédrale remplie de gens émus et reconnaissants, j'ai assisté aux côtés de l'Abbé Pierre et du prêtre Guy Gilbert aux obsèques du Père Joseph Wrezinski. 

Ce temps de retraite dont je bénéficie aujourd'hui me permet d'évaluer la présence et l'influence qu’on eues certaines personnes croisées au cours de ma vie « active » ! Par exemple, pendant l'année passée à Nantes et à Saint-Nazaire, des prêtres investis dans la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne) qui ont contribué à former des militants chrétiens et engagés. Comment ne pas se réjouir que l'Eglise ait souvent contribué à éveiller des jeunes à leurs responsabilités citoyennes et solidaires ? Je pense à Laurent Berger dont la riche personnalité est l'objet de louanges pour la clarté et la fidélité des combats qu'il a conduits avec les 600 000 adhérents de son syndicat, la CFDT. Né à Guérande près de Saint-Nazaire, il fut secrétaire général de la JOC de 1992 à 1994. Comment ne pas souhaiter qu'en ces temps difficiles traversés par les sociétés humaines, des prophètes soient éveillés et accompagnés dans leur contribution à l’amélioration des conditions de vie en particulier des plus démunis, et à l’advenue d’un vivre ensemble plus juste et apaisé ! 

Merci à tous ces hommes et ces femmes qui ont voué leur vie aux autres, devenant ainsi des signaux réconfortants pour tous. Merci à Monseigneur Laurent Ulrich, actuel archevêque de Paris, qui a présidé la messe d’A Dieu de Monseigneur Jacques Gaillot, évêque de Partenia du Sahara !