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Les billets du Père Lucien Marguet
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9 juin 2023

La liberté oui, mais à quelle condition ?

 

La façon d’instruire et d'éduquer les jeunes générations me semble traduire les interrogations essentielles de la société contemporaine. La liberté constitue une quête essentielle, et la façon de la définir et d’y parvenir est une voie difficile et semée d’embûches ! J’observe en effet que certains parents pensent bien faire en laissant libre cours aux initiatives instinctives de leurs enfants. Ils justifient cette attitude en expliquant leur souhait de ne pas mettre de frein à leurs élans spontanés pour ne pas les frustrer. Ils s'abstiennent même de leur imposer des codes de conduite, des interdits et des règles qui leur fourniraient un cadre à identifier et à respecter. Ils pensent que leur mission d'éducation ne leur donne aucun droit légitime à contraindre leurs enfants. Pour eux, c'est aux jeunes générations de trouver leur propre chemin car il n'existe pas de modèle ni de mode de vie universel. 

Certains autres parents pratiquent une pédagogie différente. Celle-ci consiste à transmettre aux enfants les principes de base de la vie personnelle, familiale, scolaire et bien sûr sportive et ludique. Dans les jeux, en classe, en famille, dans les relations aux autres, il existe heureusement des règles. À destination de tous, elles s'appliquent à chacun(e). Or les lois basiques du respect, de la politesse, de la confiance, de la gratitude ne privent pas de droits. Au contraire elles les génèrent. Concrètement le code de la route n'est pas un piège à condamner les « chauffards », mais un référentiel à respecter qui évite aux voyageurs les accidents et sert à sauver des vies ! Mais il est une tâche impérative qui conditionne la réussite de cette pédagogie, c'est « d'expliquer », quand les occasions se présentent, les raisons des interdits et des règlements. Les enfants eux-mêmes ont besoin de « comprendre » pourquoi il y a des codes d'existence et de cohabitation dans la vie quotidienne qui permettent de grandir sans déborder, sans piétiner la surface occupée par d'autres. Cette attitude de fond finit par devenir un comportement naturel et spontané. 

La liberté est l'inverse de l'accaparement. Cette capacité se forge au contraire au contact d'autrui et de la vie. Elle évite la tendance à l'individualisme et à l'égoïsme car elle rend disponible aux autres. A cette authentique liberté il faut associer la responsabilité comme une suite logique et normale. Trop souvent ceux qui se réclament du droit à la liberté individuelle sont les mêmes qui accusent telle ou telle institution ou autorité en place de les en priver. Face aux infractions, aux dérapages, aux ratés, on constate trop de réflexes accusateurs qui désignent des boucs émissaires que l'on qualifie sur le champ de responsables et un peu trop vite de coupables. 

Mon propos dans ce billet est de réagir contre une pédagogie libérale qui consiste à laisser dire, faire, aller, soi-disant pour ne pas obliger ni frustrer. Je pense que le privilège d'apprendre à vivre et grandir en ignorant les règles, les interdits, les limites, s’apparente au geste de donner les clés d'un véhicule sans donner d'abord des cours de conduite et faire assimiler le code de la route. En donnant aux enfants des repères objectifs et des signaux officiels éprouvés, on leur permet d'ajuster leur chemin et de ne pas dépasser les bornes. Or cette mission d'instruction et de transmission est du ressort des adultes. Elle enlève aux enfants la trop lourde tâche d'avoir à tracer leur chemin par eux-mêmes, comme si jamais personne ne les avait précédés et n'avait le bénéfice de les avoir avertis des pièges et des choses de la vie ! 

La liberté, ce mot magique, demande donc de s'expliquer posément sur ses conditions et son contenu !

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