A propos des cérémonies religieuses…

A la sortie d'une célébration religieuse il n'est pas rare d'entendre des commentaires divers sur les gestes et les signes liturgiques, les paroles du célébrant qui présidait. Certains peuvent se montrer très critiques devant un rituel dont ils n'ont pas reçu les clés pour les comprendre. Ils vont jusqu'à juger sévèrement le choix de prolonger ces vestiges de traditions passées. Parce que ces codes religieux leur apparaissent verrouillés, ils exprimeront peut-être le souhait que les contenus de ces expressions cultuelles dont ils n’ont pas reçu les clés pour les comprendre soient traduits dans un langage compréhensible par tous. Faut-il rappeler que les sacrements - le baptême, l’eucharistie, la confirmation, l'ordination, le mariage -, sont des signes de la venue de Dieu dans les étapes importantes de nos vies humaines ? Aussi ces célébrations doivent-elles comporter conjointement le divin et l'humain, le vertical et l'horizontal, le moi et les autres, l’ici et l’ailleurs… 

Tout culte a nécessairement un caractère universel. C'est pourquoi il se différencie de la prière intérieure par laquelle chaque croyant peut s'adresser à Dieu avec ses propres mots et ses émotions. Toutes les traditions religieuses du monde s'expriment sous forme de paroles et de signes codifiés, même si ceux-ci peuvent subir à la marge des modifications. Pour les catholiques, je relève par exemple la couleur noire qui était recommandée aux obsèques, la position à genoux devant le Saint-Sacrement, la messe dos au peuple, tous tournés vers Dieu, alors que maintenant on entoure l'autel pour faire communauté, les lectures sont proclamées en langue locale et non plus en latin, on peut recevoir l’hostie dans la main et pas forcément sur la langue ! 

Dans tout cela l'essentiel est la foi, la confiance donnée à Dieu et la charité fraternelle. L'existence humaine, selon la diversité des cultures, comporte aussi ses codes, ses traditions, ses normes. Elle vit par des comportements, des gestes, à condition qu'une volonté les accompagne, vraiment et non artificiellement. Offrir un cadeau est un geste qui ne peut être compris et admis que s'il est l'expression d'une amitié, d'un amour. Il me semble que dans les cérémonies religieuses, la confiance et la ferveur des participants sont plus que nécessaires. Les rituels, la forme ne suffiront jamais. 

Aumônier de lycée pendant sept ans au Nord-Cameroun, j'ai préparé des jeunes à leur baptême. Un jour l'un d’entre eux est venu me trouver pour me dire qu’étant rentré dans son village pour les vacances, son père allait offrir en sacrifice un poulet en versant le sang sur lui dans le but de le protéger du mal. « Quelle attitude devrai-je avoir alors, moi qui vais bientôt être baptisé ? » me confie ce jeune. Je l'ai encouragé à laisser son père accomplir les rites de sa religion animiste, et en même temps à s'efforcer d'expliquer sa démarche chrétienne qui n'était pas contraire mais complémentaire ! 

Je termine par cette anecdote récente : ma sœur était invitée à assister à la première communion de son petit-fils à Chartres. Elle m'a raconté son étonnement de voir le prêtre célébrant d’origine africaine se mettre à danser au cours de la messe, pour la plus grande joie des enfants ! Cette attitude religieuse exprime aussi une culture. Comment peut-il en être autrement que de nous rassembler et de prier, imprégnés que nous sommes par nos cultures et nos modes de vie traditionnels ?