19ème Dimanche du temps ordinaire (Année A)

13 août 2023

1^er livre des Rois 19 9a-21-23a - Romains 9 1-5 - Matthieu 14 22-33

Dans les évangiles, Jésus nous apparaît souvent comme un être humain ordinaire qui nous ressemble. Aujourd'hui, dans cette page d'Evangile qui se déroule sur le lac de Tibériade, qui nous montre "Jésus marchant sur l'eau" avec les disciples de la barque, nous sommes sans doute interloqués par cet événement qui défie toutes les lois de la nature et génère la peur. "Confiance, c'est moi ! N'ayez pas peur !" C'est la phrase charnière du message que délivre ce récit. "N'ayez pas peur !" Vous vous souvenez qu'elle a été prononcée par Jean-Paul II au début de son pontificat et qu'elle a été le fil rouge de ses actions et de ses discours. Ce pape a sillonné le monde et franchi les frontières et les murs pour aider les gens et les peuples à avancer vers plus de liberté et d'humanité. Comme Jésus, ce pape a marché sur les eaux mouvantes et mouvementées des évolutions de son temps. L'on qualifie d'ailleurs parfois la société actuelle de "liquide", c'est-à-dire d'insaisissable, mouvante, dans laquelle on peut peiner à tenir debout et avancer ! Ainsi la barque c'est peut-être l'image d'une humanité ballotée par des vents et des vagues qu'elle ne maîtrise pas et qui la menacent de dérive, ou pire de naufrage. 

Que Jésus les rejoigne de nuit après avoir prié sur la montagne, et voilà que Pierre le premier retrouve la confiance pour avancer et à son tour marcher sur les eaux. "Seigneur, si c'est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux…" Alors, aussi longtemps qu'il regarde Jésus, il avance, et par contre, lorsque son regard s'accroche aux éléments déchaînés qu'en pêcheur il sait évaluer, il prend peur et s'enfonce jusqu'à appeler Jésus à son secours : "Seigneur, sauve-moi !", ce que Jésus accomplit. 

Je vois dans cet évangile plusieurs messages susceptibles de nous concerner.

Le premier : Jésus est venu pour nous rejoindre dans nos situations et conditions humaines et pour susciter en nous assez de confiance et d'espérance pour surmonter les étapes difficiles et risquées.

Le second : être chrétien, ce n'est pas se dérober, c'est affronter la réalité, et souvent marcher sur les eaux mouvantes qu'est souvent notre existence, tels des véliplanchistes, des sky surfers ou des pratiquants du paddle…

Le troisième message invite chacun de nous, mais aussi nos communautés chrétiennes, à témoigner que la foi est une force et un cap, qu'elle donne du sens (large ?) à nos choix, nos paroles et nos actes. Si l'on veut vivre sans Dieu et sans les autres, en solitaire, alors on prend le risque de traverser la vie à la merci des événements. En vérité, à croire en Dieu on ne perd jamais sa dignité, sa liberté et sa responsabilité humaines dont, pour les chrétiens, Jésus est "le Chemin, la Vérité et la Vie"… Dans la culture ambiante que nous respirons tout le temps, qui nous invite à nous prémunir, à nous munir d'assurances de toutes sortes, à vivre dans l'immédiat et le provisoire, à nous engager avec modération, comment ne pas intérioriser et faire nôtre cette posture à laquelle Jésus invite ses proches : "Confiance, c'est moi, n'ayez pas peur !"… 

Certes il est vrai que Dieu n'est pas à l'origine de l'ouragan qui détruit ni du feu qui incendie… de la barque qui chavire… Dieu est à rencontrer dans le murmure d'une brise légère… comme nous le disait la lecture du 1^er livre des Rois. Mais avons-nous l'oreille assez fine et le cœur assez éclairé pour accueillir la voix de Dieu ?