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Les billets du Père Lucien Marguet
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22 août 2023

Y a-t-il un « avenir » pour les paroisses ?

 

On entend dire ici et là que la paroisse ne serait plus la structure convenable pour rassembler les chrétiens. Certains préconisent le regroupement par affinité culturelle et sensibilité spirituelle. Ce qui aurait pour résultat de multiplier ces cellules vivantes de l’Eglise, d’en confier le pilotage à des laïcs choisis. Les prêtres recevraient la charge d’assurer une certaine coordination entre tous ces différents lieux. Or ce que je viens d’exprimer existe déjà en partie dans ce que l’on appelle « les communautés nouvelles » surgies du Renouveau charismatique. 

Certaines autres personnes préconisent de vivre la foi dans leur vie et non plus dans des lieux de culte, sous forme de petits groupes et sur la base de la cooptation. L’Eglise ne serait plus utile puisque chaque équipe trouverait elle-même son chemin en relation à l’Evangile et en fonction des « signes des temps ». Il est vrai que partout en France le culte dominical n’accueille plus toutes les générations, mais surtout la plus ancienne, fidélisée par des années de fréquentation des services proposés par l’Eglise et en particulier la messe. Si certaines paroisses font exception à cette constatation générale, c’est parce que des prêtres privilégient un certain style et une catégorie sociale et culturelle, qui attirent et rassemblent, expriment la foi, la vie consensuelle. 

Or la vie paroissiale,  cette « fontaine au milieu du village », comme la décrivait saint Jean XXIII, a ceci d’irremplaçable qu’elle est ouverte à tous, à toute population, quelles que soient son origine et la diversité de ses situations professionnelles et sociales. Et il apparait que l’Eglise, à travers ses paroisses, a vocation à jouer un rôle de mixité sociale, de regroupement des générations et même de confrontation des avis et des idées, par-delà les différences et les divergences, à la lumière des évangiles qui nous révèlent Jésus comme « chemin, vérité et vie ». 

La période que traversent les sociétés contemporaines est plutôt à la dispersion, au « chacun est libre » et au « chacun pour soi », à l’attachement à son « club » préféré, à la recherche du semblable qui pense, croit et agit comme moi. Cette tendance exprime un besoin de sécurité, mais aussi un refus d’affronter d’autres façons de déployer sa propre humanité. Aussi, conserver et adapter nos paroisses aux besoins du présent me semble être une nécessité qui certes demande de l’imagination et beaucoup de confiance et de courage. 

Ce lieu privilégié qu’est la paroisse est original et singulier par son ouverture totale et inconditionnelle à tous et à tout ! S’il devait s’estomper et disparaître, il manquerait ce signe de l’universalité que l’Eglise catholique a reçu de Jésus lui-même d’incarner. Des petites cellules vivantes peuvent légitimement se développer, mais toujours en cohérence avec l’Eglise ouverte sur le grand large et jamais désespérée. Jamais elles ne supprimeront les lieux paroissiaux qui doivent demeurer visibles et accessibles à tout le monde, quels que soient le passé et le présent de chacune et de chacun. La paroisse ne ressemble pas à un TGV, elle a pour fonction de s’arrêter à toutes les gares pour accueillir tous les voyageurs ! 

Il reste aux chrétiens à inventer des chemins nouveaux et à redoubler d’ouverture sur la vie et les événements du monde, à poursuivre l’incarnation de l’Eglise et de ses messages, par une inculturation jamais achevée.

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