29ème Dimanche du temps ordinaire (Année A)

22 octobre 2023

Isaïe 45 ^1-4-6a - 1^ère Thessaloniciens 1 ^1-5b - Matthieu 22 ^15-21

 Dans la première lecture que nous avons entendue, le prophète Isaïe (750 avant J.C.) met dans la bouche de Dieu ces paroles : "Je suis le Seigneur, il n'y en a pas d'autre : en dehors de moi, il n'y a pas de Dieu". Il n'existe donc qu'un seul et unique Dieu. Et c'est bien vrai que ce qui différencie les religions, ce n'est pas d'avoir chacune un Dieu, mais les façons diverses de parler de Dieu et de s'adresser à lui dans la prière, de vivre en sa présence.

Par exemple, nous les chrétiens, quels moyens avons-nous de connaître Dieu ? En premier, comme tout être humain, chacun de nous peut réfléchir, raisonner, se forger une image de Dieu à partir des philosophes. Mais pour nous chrétiens, le plus grand des moyens c'est la Bible et l'histoire du Peuple hébreu. Dans cette longue histoire du Peuple juif, Jésus fils de Dieu révèle qui est Dieu, ce qu'il pense, quelle vie il nous propose. Jésus fils de Dieu est bien placé pour nous faire connaître son Père. Les chrétiens connaissent Dieu par les paroles, les actes, les choix, les attitudes de Jésus. Attention, l'Evangile ce n'est pas du surgelé prêt à consommer. Il faut faire fonctionner son intelligence, discerner, pour connaître et comprendre. Et bien sûr on donne sa confiance. Et on croit ou non à Jésus... 

Dans l'Evangile que nous venons d'entendre, on voit Jésus se faire interroger par des gens, les Pharisiens, qui veulent le piéger. "Est-il permis ou non de payer l'impôt à l'empereur ?" S'il répond oui, on dira qu'il est un traître à la nation juive puisqu'il accepte de se soumettre aux forces d'occupation et à l'empereur romain. Par contre, s'il dit : "il faut refuser de payer l'impôt", alors il est rebelle et risque des ennuis de la part d'Hérode. Alors Jésus s'en tire habilement en disant : "Rendez donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est Dieu". Dieu a créé et organisé le Monde en donnant à chacun une conscience, une liberté, des capacités pour être responsable. On a vu dans cette phrase un des fondements de la séparation des pouvoirs temporel et spirituel, de la laïcité et même de la sécularité. 

Dieu ne dirige pas tout. Il n'est pas derrière nos talons ni sur notre dos pour nous soumettre. Il nous fait confiance tout en nous montrant un chemin. C'est d'ailleurs le rôle de la famille et de l'école, de la religion, d'apprendre aux enfants à connaître, savoir choisir, agir, se diriger dans leur vie. Dieu respecte nos capacités, notre personnalité. Il aime nous voir grandir, prendre des initiatives, voler de nos propres ailes.

Bien sûr on peut demander à Dieu de nous aider, de marcher à nos côtés, de nous conseiller. Que de paroles il nous adresse directement en déposant des e-mails dans notre cœur... Quand on ouvre sa messagerie, on découvre que Dieu nous aime, nous donne des conseils, nous encourage. L'Esprit Saint assure le branchement entre Dieu et nous, le va-et-vient, la communication. 

Enfin, 2^ème grand moyen : en lisant la Bible, en participant à la Messe et aux sacrements, Dieu se rend activement présent dans notre vie tout en ne s'imposant jamais à nous par force ou par menace. Dieu nous aime capables d'être libres et responsables par nous-mêmes. D'ailleurs, les parents copient sur Dieu par l'attention, la présence et la confiance.

Or, ce que désire Dieu pour chacun, Il le souhaite aussi à toute la société humaine. Dieu rêve d'une humanité qui prenne vraiment en charge la gérance du Monde selon le Bien commun le plus juste et le plus solidaire.

Il y a deux mots en français pour expliquer ce projet de distinguer les pouvoirs de l'homme et ceux de Dieu, c'est le mot sécularité et le mot laïcité. Bien sûr, croire en Dieu influence nos choix. Mais pas sans passer par notre liberté. Pas sans que nous décidions et agissions nous-mêmes. C'est toute l'aventure merveilleuse à laquelle parents, familles, enseignants, éducateurs, catéchistes, prêtres, nous sommes attelés. Et le principal moyen que nous avons pour nous aider à progresser, c'est la parole.

Comment allons-nous contribuer à alimenter ce feu qui peut éclairer le monde actuel ? Par une foi active, répond saint Paul dans sa Lettre aux Thessaloniciens. « Sans cesse nous, Sylvain, Timothée et Paul, nous nous souvenons que votre foi est active, que votre charité se donne de la peine, que votre espérance tient bon en notre Seigneur Jésus-Christ, en présence de Dieu notre Père. » Parfois, c’est vrai, des chrétiens disent : à chacun de trouver sa voie. Au gré des événements du monde, des étapes de la vie, chacun peut découvrir le sens et le but de l’existence, les valeurs et les points de repère. Les chrétiens ont plus à faire encore : sans forcer, avec humilité et charité, ils peuvent aider à trouver ce chemin. Si pour nous être chrétien est une chance pour avancer dans la vie, comment ne pas ressentir comme un devoir de solidarité de partager notre foi ? C’est cela la Mission.