Les médias, encore une fois

Nous savons tous l’importance de l’information, son impact dans nos vies tant personnelles et familiales que sociales et politiques. Nous en mesurons le poids et l’influence à l’aune de la gravité des faits et événements que les médias diffusent par des moyens audiovisuels et écrits de plus en plus immédiats et efficaces.

 Durant la seconde guerre mondiale, on se regroupait chez le voisin qui avait la chance d’avoir un poste de radio à lampe pour écouter le Général de Gaulle parlant aux Français depuis Londres. Quand s’est répandue la télévision noir et blanc, peu nombreux étaient au début ceux qui possédaient un écran qui s’est, depuis ces temps anciens, démultiplié dans les foyers jusqu’à siéger à la salle à manger, dans la cuisine et jusque dans chaque chambre d’enfant. Mais plus spectaculaire encore ont été l’apparition et la diffusion des téléphones portables multiservices, puisque ceux-ci font aussi office d’ordinateurs mobiles capables, à tout instant, de capter les messages qui sont envoyés et d’y répondre. Les outils médiatiques eux aussi ont acquis des performances à la rapidité inégalée jusqu’à présent, jusqu’aux reportages effectués en direct. 

Il n’y a pas si longtemps, de célèbres journaux quotidiens ou hebdomadaires tenaient le haut du pavé médiatique. Aujourd’hui l’image vient supplanter les paroles qui commentent l’actualité, émettent un point de vue ou proposent une analyse des situations. Or l’image diffusée aux quatre coins du monde constitue une preuve de l’authenticité des réalités montrées et surtout suscite des réactions et des émotions collectives qui soustraient au besoin de recourir à une analyse critique qui pourrait vérifier avec plus d’objectivité et de « recul » ! Du reste chez certains la tentation est grande d’utiliser des images anciennes ou prises « ailleurs » pour illustrer une conviction ou un message, non dans le but de montrer une réalité de terrain mais pour l’inventer ou la transformer dans un but partisan. 

Heureusement le monde chargé de l’informationnel se réfère à une déontologie commune qui invite chaque journaliste à s’en tenir d’abord aux faits avec impartialité avant de se donner le droit de les commenter, de les interpréter ou de les mettre en débat. Or qui d’entre nous n’a jamais souffert devant ses écrans d’assister à des interviews dans lesquels le journaliste a plus le souci de manifester ses propres idées que de favoriser l’expression libre et discursive de ses invités ? Il est des questions qui appellent des réponses nettes et courtes, et d’autres qui exigent du temps pour les exprimer afin que les auditeurs puissent réellement en profiter ! 

Que l’on me permette dans ce billet de prendre deux exemples qui m’ont interpellé d’émissions télévisuelles que j’ai longuement regardées. La première est la visite du Pape à Marseille. Les commentaires des journalistes supplantaient les interventions des acteurs de l’événement, nous empêchant ainsi d’en bénéficier. La seconde est la manifestation contre l’antisémitisme à Paris, à laquelle j’ai choisi de me mêler de cœur et que j’ai suivie sur une chaîne de télé en continu : je me suis senti en désaccord lorsqu’à de nombreuses reprises des journalistes ont critiqué l’absence du Président de la République en le soupçonnant de dérobade et peut-être de lâcheté, alors que leur rôle était d’abord, me semble-t-il, de nous faire vivre en direct un événement exprimant un désir commun d’unité dans le calme et la sérénité offerts dans le cadre de « la République des valeurs universelles ». Pourquoi s’embarquer dans le virtuel et l’imaginaire alors que l’on a devant soi le réel ? 

Médias de toutes sortes, montrez-nous la réalité, nous nous réservons le soin de l’interpréter !