Réintégrer la relation à Dieu

Réintégrer la relation à Dieu

L’auto-centrisme, l’individualisme, l’égocentrisme, l’autosuffisance imprègnent la culture inhalée à longueur de temps dans la société actuelle. Celle-ci fait de l’homme un nageur souvent solitaire livré aux courants qui l’éloignent des terres fermes où se trouvent ses racines. Ainsi, à force de nager dans cette masse « liquide » qu’est la culture, l’homme et même l’humain peut en oublier que son existence a eu un commencement et aura nécessairement une fin.

Après avoir rayé le nom de Dieu de ses réseaux pour assumer en solo sa traversée terrestre, l’homme peut se sentir un jour orphelin, n’ayant jamais appris d’où il vient ni où il va. Aussi il me semble que le meilleur service pastoral que les disciples de Jésus puissent rendre est de désigner Dieu présent là où les gens ne voient que manifestations de l’aventure humaine. Ce dont souffre notre société, c’est d’ignorer Dieu dont l’existence est effacée ou qu’ici et là des religions ont déformé, malmené ou même instrumentalisé en fonction de leurs projets malfaisants !

Il est donc urgent pour les croyants chrétiens de saisir toutes les occasions qui se présentent à eux dans la vie ordinaire ou dans les événements majeurs de « montrer Dieu présent et vivant » au milieu des hommes et des femmes de ce temps. Dieu n’est pas déserteur quand les choses vont mal, il est là au milieu de nous, sur la margelle de nos puits comme au cœur des maisons et au fond des âmes. Apprenons à lire et relire nos vies et celles du monde pour y découvrir que depuis Jésus, Dieu incarné dans l’histoire humaine, personne n’est isolé, livré à lui seul, mais que chacun est en permanence accompagné par l’Esprit divin. Notre tâche de chrétien est donc de chercher à rencontrer Dieu dans nos lieux de vie, de le discerner et de le désigner, d’en partager le bonheur autour de nous dans un langage humain de proximité pour que tout le monde puisse comprendre ses messages.

Une Eglise qui se calfeutrerait pour ne pas être contaminée par l’esprit du monde, qui se contenterait de liturgie, fût-elle belle, qui se tiendrait à distance pour trier les bons grains et l’ivraie, ne serait guère en mesure de diffuser l’Evangile et la connaissance de Jésus comme une Bonne Nouvelle dans l’aujourd’hui du monde auquel nous appartenons ! Peu à peu, l’homme a découvert et expérimenté qu’il pouvait par lui-même, avec ses propres ressources, penser, décider, s’accomplir et agir, réitérant ainsi cette attitude d’Adam et Eve au Paradis au début de la création : ils se sont affranchis de la loi divine qu’ils ont prise pour une entrave à leur liberté alors que Dieu l’avait établie pour garder un lien « salutaire » avec l’humanité. Car non seulement obéir à Dieu n’est pas un frein à la liberté, mais y consentir est une garantie pour la « route »…