La Parole et ses exigences
Pour être écouté et
crédible, celui qui parle doit ensuite produire les résultats tangibles qu’il
annonce. Personne ne s’intéresse plus aux discours du haut de la chaire ou
censés être admis en raison de l’autorité de celui qui les prononce. Notre
époque réclame des témoins dont les actes attestent la vérité de ce qu’ils
disent. Les conseils peuvent être utiles, les engagements sont toujours exemplaires.
Il est des gens qui
s’écoutent parler, d’autres qui se font remarquer en prenant systématiquement
le contrepied de la pensée exprimée par les autres. D’autres parlent pour ne
rien dire. Il est des gens qui n’écoutent jamais et qui parlent à jet continu,
comme un torrent qui envahit l’espace de ses flots et de son bruit. Comment ne
pas préférer entre toutes les personnes qui réfléchissent avant de parler et
dont les paroles invitent ceux qui les écoutent à réfléchir eux-aussi ?
Comment ne pas préférer aux bavards, dont les paroles ininterrompues
ressemblent à de la pluie qui tombe sur une terre qui ne l’absorbe pas, les
personnes dont la capacité à communiquer est ajustée à l’interlocuteur et aux
circonstances ?
Il est des gens dont la
prise de parole a l’effet d’un pavé dans la mare, inattendu et violent.
Certaines personnes ont le verbe tellement haut que leurs paroles arrivent avec
violence aux oreilles de ceux-là même qui souhaitaient ne rien entendre. Il est
des personnes qui se répandent en flatteries pour éviter d’avoir à expliquer
leur propre pensée. Certaines, au contraire, n’ont que dénigrement à la bouche,
espérant ainsi briller en contraste par leurs idées différentes. A leurs
discours toujours négatifs, destructeurs, blessants et diffamatoires, certains
se taillent une réputation de semeurs de mauvaises graines dans leurs champs
et, à la faveur de l’obscurité, dans le champ des voisins.
« Tu ne réponds
rien », disait Pilate à Jésus. Le silence ne remplace pas la parole, mais il
lui permet de prendre toute sa valeur. La Parole est comme un visiteur sur le
seuil de la maison d’un voisin. Elle peut être entendue, priée d’entrer et de
s’asseoir, de demeurer. Elle peut aussi trouver porte close et rebrousser
chemin sans qu’un vrai contact ait été établi. On peut parler à tort et à
travers, détourner la parole de l’interlocuteur, lui couper la parole, la
transgresser, la falsifier, la manipuler, la piller comme on pille une mine à
ciel ouvert, ou même la gaspiller. Notre Parole est-elle du Pain sec, rassis,
ou du Pain frais et nourrissant pour nos auditeurs ou interlocuteurs ?
Toutes ces simples
réflexions sur la Parole ne doivent pas nous faire oublier que, si « la
Parole est d’argent, le silence est d’or »…