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Les billets du Père Lucien Marguet
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7 novembre 2010

"Des hommes et des dieux"…

L'on peut se demander pourquoi le film "Des hommes et des dieux", qui met en scène la vie et la mort de sept moines de Tibhirine dans l'Atlas algérien, réalisé par Xavier Beauvois, rencontre un succès aussi phénoménal en plein siècle qualifié de matérialiste. Cette faveur ne ressemble-t-elle pas au rayon de soleil qui, dans un ciel chargé de sombres nuages, se faufile et devient remarquable preuve que le soleil existe encore ?

 

Dans un monde où l'humanité satisfait à ses instincts et se soumet aux passions les plus primaires, dans un monde où il est habituel de tout traiter sur le ton de la dérision et de passer toute vérité au crible du scepticisme, dans un monde où le doute et le relativisme ont pignon sur rue et font passer les gens qui croient en la vérité pour des naïfs et même des demeurés, dans un monde où la distraction est plus fébrilement recherchée que l'action et l'implication, dans un monde où l'hédonisme est la quête prioritaire de la vie dans toutes les occasions de loisirs, un peu à l'image de la civilisation de la cueillette qui consiste à ramasser escargots, champignons, jonquilles et muguet sauvage que la nature met à la disposition de qui les trouve…, dans cette société où chacun est considéré comme un consommateur de produits alimentaires ou d'idées…, il est de fait étonnant que le film "Des hommes et des dieux" ait un tel succès.

 

Mais faut-il s'étonner ou comprendre au contraire que c'est la pesanteur du contexte culturel dans lequel nous baignons qui fait que l'homme contemporain est immédiatement séduit par la découverte d'un monde exactement inverse de celui qu'il subit ? Car enfin, de quoi témoignent ces sept moines par leur vie qui nous est montrée durant une heure et demie ? Ils s'efforcent de rendre leur vie cohérente avec leur foi et leur engagement. A la suite du Christ qui a choisi d'habiter la condition humaine, ces sept moines ont choisi de se lier à un peuple jusqu'à y laisser leur vie, dans une logique de fidélité et d'amour. Comme le Christ dont ils sont les disciples, ils ont résisté à la pression des autorités et de la peur intérieure. Après avoir mûrement réfléchi, ils ont pris le risque de mourir plutôt que de sauver leur vie en trahissant leur promesse. Comme le Christ qui n'avait aucun intérêt ni partisan ni financier à être et à faire ce qu'a été sa vie en humanité, ainsi ces sept moines voués à la prière, à la présence silencieuse et à la fraternité ont accompli jusqu'au bout leur vocation.

 

Ces hommes n'avaient nullement dans l'idée de convaincre ou de faire des adeptes, de conquérir des partisans. Ils ont tout fait par la grâce dont eux-mêmes bénéficiaient les premiers : ce don de Dieu, leur vie a consisté à le restituer aux gens au milieu desquels ils ont vécu jusqu'au bout. Ce fut leur mission. Ils l'ont pleinement réussie. Peut-être que c'est cela qui intrigue et fascine tant de spectateurs !

 

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