Mais qu'est-ce que l'égalité ?

Placée entre la liberté et la fraternité, l'égalité fait partie de l'idéal républicain gravé sur le fronton des édifices publics de notre pays. Or c'est au nom de ce droit à l'égalité entre tous les citoyens qu'est revendiquée une loi autorisant le mariage de couples homosexuels sous le même titre que celui des hétérosexuels. Or n'est-il pas nécessaire, avant tout, de s'entendre sur la signification du mot égalité ?

 L'égalité exige que je reconnaisse l'autre qui, tout en m'étant différent de bien des façons, est mon semblable. Il a droit au même respect et aux mêmes droits que moi, dès lors que ceux-ci correspondent aux mêmes devoirs et responsabilités. Or dans le mariage pour tous, jamais il ne sera possible à un couple homo d'assumer la responsabilité de procréer et de satisfaire le droit de tout enfant à bénéficier des deux visages de l'Amour, à travers celui d'un père et d'une mère. Ce qui introduit par ailleurs une inégalité de chances dans les droits des enfants au nom d'une revendication à l'égalité entre adultes. L'égalité au nom de laquelle le "mariage pour tous" est réclamé est en réalité une tentative d'assimilation qui vise à donner une équivalence et une même posture sociale aux couples homos et hétéros. Or jamais la figure du couple homo et celle du couple hétéro ne pourront être confondues. L'égalité n'est pas dans la similitude, mais au-delà des différences.

 Le mariage, qui a sa propre signification, ses raisons, sa finalité et ses missions, peut-il dans le même temps supporter d'autres réalités sans risquer d'être démantelé et dénaturé ? La véritable égalité républicaine, selon moi, eut plutôt été d'inventer un mot qui donne les droits justes à l'union festive des couples homos. Il me parait regrettable que ces couples, pour faire valoir leurs droits légitimes à être respectés et reconnus par la société, soient obligés de se soumettre au "mariage" traditionnel en mairie pour être comme les hétéros. Je vois dans cette démarche mimétique une forme de renoncement à se faire admettre jusque dans leurs différences par ailleurs si fortement affichées. A vouloir faire pareil, ne finit-on pas par n'être plus soi-même dans sa singularité ?

 Pour revendiquer leurs droits au "mariage" civil, les couples homos font donc appel à l'égalité républicaine ! Et pour appuyer la légitimité de cette requête, ils mettent en avant leurs capacités démontrées à s'aimer et à donner l'amour à des enfants pour leur permettre de grandir et s'épanouir… Mais le mariage n'est-il que la consécration de l'Amour ? En réalité, le mariage fonde un lieu et un temps de transmission, d'éducation, de modèle sociétal, d'apprentissage de la communication et de la relation. Et si l'on attribuait aux couples homos les droits qui correspondent à leurs possibilités, en commençant par appeler "union" ou "pacs" amélioré, au lieu de "mariage", ce dont le contenu ne correspond guère à leur situation !

 Oui à l'égalité, deuxième terme de l'idéal républicain, mais différenciée. Il en va du bien vivre ensemble social.