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Les billets du Père Lucien Marguet
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3 mars 2013

Si Dieu n'existe pas…

Si Dieu n'existe pas, il n'est aucune instance ni référence qui transcende le vivre ensemble humain. Chacun peut donc subjectivement inventer ses propres règles et lois à sa convenance, sans tenir compte de ses voisins. Même les règles et lois dont un Etat se dote peuvent lui paraître relatives et circonstancielles, puisqu'elles n'ont pas la garantie universelle. Qui peut fédérer, à qui se référer, à quoi s'accorder, autant de questions sans réponses s'il n'y a pas de loi divine, mais seulement des normes créées par des volontés d'hommes.

 Si Dieu n'existe pas, la nature humaine peut-elle exister ? Concrètement, cela induit l'idée que l'homme d'ici et celui qui est lointain pourraient être très différents, puisque conditionnés par leur culture et leur environnement. Seul Dieu peut se montrer garant d'une nature humaine universelle et constante dans l'Histoire.

Si Dieu n'existe pas, il n'est bien sûr aucune trace de lui dans l'univers. Aucune organisation, diversité, complexité, évolution, aucune trajectoire et aucune progression ne doivent jamais être regardées comme des marques du créateur, mais toujours comme des fruits du hasard.

Si Dieu n'existe pas, la conscience individuelle dont chaque être humain est doté ne se sent appelée à discerner, choisir et s'engager que sous l'impulsion de ses propres désirs ou l'influence des conditions de son existence.

Si Dieu n'existe pas, l'intérêt d'une vie n'existe que le temps de la durée de ses années, puisque la mort vient tout interrompre et, pire encore, tout anéantir de cette vie, en totalité et à jamais.

Si Dieu n'existe pas, il n'est rien d'absolu ni de définitif, tout est à tout moment renégociable, variable, puisque toute promesse, tout engagement, toute alliance, n'ont pour appui et garantie que la parole humaine relative et subjective. La dignité humaine elle-même dépend du regard de celui qui en juge selon les critères de son choix, puisqu'il n'est aucune valeur absolue qui s'impose à tous et personne qui soit au-dessus pour la cautionner.

 Si Dieu n'existe pas, en résumé, tout homme est livré à lui-même. A lui seul revient de juger de son comportement par rapport à celui des autres, puisqu'il n'est rien ni personne de transcendant. Le résultat de la négation radicale de Dieu, c'est la montée des individualismes et du subjectivisme, l'érosion de la cohésion sociale, puisque chacun est poussé à ne penser et ne vivre que pour soi. Livré à lui-même, l'homme fait des erreurs ; il rencontre des difficultés parfois insurmontables, des questions sans réponse, il finit par douter et sombrer dans la morosité, cultiver la méfiance, subir des divisions sans trouver la force et de suffisantes raisons de pardon et de réconciliation. Il n'a aucun recours supérieur, si Dieu n'existe pas.

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Commentaires
F
Le type même de raisonnement à faire fuir l'incroyant. <br /> <br /> "J'ai besoin de l'existence de Dieu donc Dieu existe", vision très utilitariste! Mais alors comment expliquer tout ce qui dans l'univers ne sert à rien? Car si Dieu existe, on comprend mal l'absurdité des 9/10ème de sa création: que d'étoiles, de planètes, de mondes sans vie dont un artisan rationnel de cet univers aurait fait l'économie. Qui plus est, on comprend encore plus mal pourquoi sur cette "Terre des Hommes", Dieu a placé les Hommes dans un tel état d'inégalité, car naître dans le Sahel ou dans le faubourg St Honoré ne vous offre pas les mêmes chances. Pour un Dieu censé offrir des repères absolus, le voilà offrant à ses créatures des situations bien relatives à l'espace où il les fait naître.<br /> <br /> Et que dire de cet absolu des repères divins que les porte-parole religieux présentent de façon bien relative selon le temps et l'espace où ils vivent. L'Eglise elle même a-t-elle eu une telle constance dans l'Histoire et la diversité des espaces où elle a propagé sa parole. Et y a-t-il même unicité de sa parole au travers de ses propagateurs du moment? Qui ne voit que l'idée d'universalité des Droits de l'Homme s'est élaborée au XVIIIème siècle hors des églises, et souvent contre elles, avec des philosophes que justement l'Eglise condamnait et mettait à l'index.<br /> <br /> Le dernier paragraphe est à faire frémir. Le raisonnement débouche sur l'idée d'une loi divine transcendante seule apte à donner sens et cohésion aux sociétés humaines, c'est là le lit de tous les régimes théocratiques dont le passé et le présent ne montrent guère qu'ils aient créé des conditions paradisiaques, et qui d'ailleurs ont tous fini par être balayés... comme si la relativité des constructions humaines, fussent-elles faites en référence aux lois divines, est finalement la seule permanence!<br /> <br /> Alors peut-être ce plaidoyer peut-il conforter la foi chancelante de ceux qui veulent y croire. En aucun cas il ne peut servir d'assise à une démonstration rationnelle de l'existence d'une essence transcendante.
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