Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les billets du Père Lucien Marguet
Archives
Newsletter
23 avril 2016

Le Père "miséricordieux"…

Luc 15 1-3, 11-32

 

Ce Père avait deux fils. Différents de caractère et de personnalité. Leur Père avait un amour égal pour chacun d'eux.

Un jour, le plus jeune demande sa part d'héritage à son Père dont on devine le crève-cœur. Car ce choix exprime une rupture brutale du fils avec son Père. Il tourne le dos à toutes ces années passées près de son Père et son frère aîné. Il part et s'éloigne. Il se croit capable d'être indépendant avec l'argent reçu qu'il dépense à tour de bras en gaspillant son temps et son héritage.

Quand il ne possède plus rien, le voilà dépouillé de tout, et de biens matériels et de liens d'amitié et d'affection. Il n'a même plus de quoi manger, sinon ce qui nourrit les cochons, suprême humiliation pour un juif. Alors il fait un retour sur lui et sur son passé lorsqu'il était près de son Père.

Mais il n'imagine pas un instant qu'il puisse retrouver sa place de fils aimé à la maison familiale. Il n'escompte que d'être au moins considéré comme l'un des serviteurs. Ainsi sera-t-il dans des conditions qui lui permettront de "sur-vivre".

Il se répète une phrase qu'il voudrait dire à son Père quand il l'apercevra à son retour. "Père, j'ai péché contre le Ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d'être appelé ton fils. Traite-moi comme l'un de tes ouvriers". Ce fils en vient à se mépriser. Sa conduite l'a disqualifié de son statut d'enfant. Au fond, il ne connaît pas son Père dont l'amour est demeuré intact, qui n'a pas été entamé par les frasques et la vie de désordre de son fils.

"Comme il était encore loin, son Père l'aperçut et fut saisi de compassion. Il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers". C'est le Père qui court, qui embrasse et qui montre tant d'amour. Avant même que ce fils égaré et éloigné n'exprime ses regrets pour sa conduite, selon lui impardonnable : "Père, j'ai péché contre le Ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d'être appelé ton fils."

Mais le Père garde la main, il fait revêtir le fils du plus beau vêtement, d'une bague au doigt et de sandales neuves aux pieds, le rétablissant dans sa dignité d'enfant aimé de la maison familiale.

Quant au veau gras en cette extraordinaire circonstance, le Père le justifie ainsi : "Tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé". Comment ne pas imaginer que ce jeune fils découvre ce jour-là l'amour sans bornes, sans conditions, permanent, de son Père ? Il naît ce jour-là par le Pardon exprimé par son Père en attitudes, en gestes, en paroles d'affection.

Or c'est ce comportement que le frère aîné laborieux ne va pas comprendre ni admettre. "Il se mit en colère et refusait d'entrer". Il était aux antipodes des sentiments exprimés par le Père, au point de ne plus dire "mon frère", mais "ton fils"… Lui aussi va découvrir un Père dont il ne connaissait pas la profondeur de cœur et les capacités illimitées de pardonner, un Père qui, au lieu de ressasser les erreurs du passé, allait donner la chance de renaître et de redevenir fils aimant en réponse à l'amour du Père.

Or Jésus a raconté cette parabole pour révéler le cœur miséricordieux de Dieu. A travers ces deux fils différents, il montre que tous deux ont en commun d'avoir à découvrir et apprécier l'amour que Dieu porte à chacun, quels que soient l'itinéraire et les circonstances de son existence. Aux reproches amers formulés par l'aîné, le Père répondra par une déclaration douce d'attachement et de confiance : "Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi et ce qui est à moi est à toi". Et il invite son aîné à partager avec lui son bonheur de Père qui retrouve (enfin) son jeune fils qui est pour l'aîné son frère. "Il fallait festoyer et se réjouir, car ton frère que voilà était mort et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé".

Oui ! En racontant cette belle et dramatique histoire familiale, Jésus veut aussi nous appeler à adopter nous-mêmes l'esprit et le comportement qui animaient ce Père miséricordieux… Dieu reconnu comme miséricordieux sous les traits de ce père de famille ne doit pas être regardé comme un faible influencé, mais comme un être dont la nature même est par essence celle de l'Amour. Ne pensons pas que Dieu de temps en temps s'efforce de nous aimer. En fait, il nous aime sans restriction tout le temps…

Publicité
Publicité
Commentaires
Les billets du Père Lucien Marguet
Publicité
Les billets du Père Lucien Marguet
Publicité