Le mal peut rendre l'homme meilleur…

Chacun sait les méfaits destructeurs du mal sous toutes les formes où il s'exprime. Le mal qui agresse, violente, physiquement mais aussi moralement. Ces paroles blessantes, ces rumeurs propagées qui entament la dignité, sèment la division et allument les conflits. Ces mensonges qui visent à diaboliser et entretiennent les suspicions et les zizanies.

Mais les malheurs, ce sont aussi les maladies sournoises et durables, subites et imprévisibles, chroniques ou violentes, transitoires ou durables, incurables ou guérissables…

Il est aussi en tout être humain une ambivalence de la conscience qui tantôt la pousse vers ce qui est bien, clair, beau et bon, et tantôt l'attire vers la puissance qui domine, éclabousse, donne priorité au paraître sur l'être ! L'individualisme alors, l'égoïsme et l'orgueil d'un côté, et l'esprit de service, la bonté, la générosité de l'autre, sont les moteurs qui malmènent parfois la liberté, qui va à hue et à dia.

Bien sûr, parmi tous les cruels malheurs qui s'abattent sur un pays, une région, la "guerre" est l'un des plus terribles. Générées par de multiples causes, les guerres peuvent être civiles, tribales, économiques, sociales, ou alors nationales ou internationales. Elles peuvent résulter de frustrations, d'injustices jamais résorbées, de rivalités politiques et culturelles, voire habillées de convictions philosophiques, religieuses… Or la guerre ravage tout sur son passage, ce qui est matériel comme ce qui est moral et spirituel. Elle fait fuir et s'exiler les habitants qui ont enterré tant de leurs proches, parce que le désir de survivre est plus fort que les menaces de mourir.

Et comment ne pas évoquer aussi à gros traits dans ce billet les désastres climatiques qui menacent tant de lieux, en danger permanent, de notre planète ? Les typhons, les raz-de-marée suite à des tremblements de terre, cette montée générale des eaux des océans susceptible de submerger des zones côtières situées au niveau des mers ? Que d'angoisses face à une nature aux allures hostiles !

Faut-il aussi parler des chaînes alimentaires qui nourrissent les hommes ici et là, de produits auxquels ont été ajoutés tant d'additifs visant à leur donner une "belle allure" visuelle !

Vous allez me faire remarquer que j'ai oublié, parmi toute la liste des maux actuels, celui du "terrorisme" qualifié parfois d'aveugle, à tort, car ce sont des êtres humains qui en sont les instigateurs et qui le planifient en toute lucidité, pour tuer. Ils sont au contraire très organisés et décidés, il est vrai souvent manipulés !

Ayant évoqué à grands traits ces maux qui sèment la souffrance et diffusent la tristesse, mon propos voudrait pourtant faire ressortir que du mal peuvent être tirés du bien et des appels insistants à "pro-gresser". Au-delà du froid, de la faim, des fragilités, de la précarité, des maladies, des handicaps, du désir de se rencontrer par-dessus les frontières et les obstacles naturels, les montagnes, les océans et toutes les distances…, que de raisons de chercher à connaître, comprendre, et de créer des moyens et des ponts… pour maîtriser, trouver des solutions aux pièges, aux freins, aux obstacles au déroulement de la vie humaine ! Le bien et l'humain existent rarement à l'état pur, ils cohabitent avec le mal et le malheur comme l'ivraie et le bon grain !

Or devant les souffrances, je peux me révolter, insulter Dieu si j'ai de Dieu une conception qui fait de lui un grand marionnettiste qui tire (à notre insu) les ficelles de notre chemin terrestre. Mais devant les malheurs, je peux aussi choisir de donner plus d'importance aux sentiments d'empathie, de compassion, de fraternité. Je peux essayer de tendre à devenir plus miséricordieux, c'est-à-dire encore plus humain. A la façon de Dieu dont la miséricorde face à l'homme blessé est pleinement consacrée ! Que de grands savants, de célèbres gouvernants et de saints n'ont-ils pas émergé à partir des malheurs auxquels leur époque et eux-mêmes ont été confrontés…