"Ils peuvent tuer son corps… mais pas son âme…"

En assassinant le Père Jacques Hamel et en blessant gravement un des cinq fidèles qui assistaient à l'office religieux que présidait le prêtre de 85 ans, les deux terroristes ont voulu attenter à la religion des chrétiens à travers une personne qui en est le symbole. Téléguidés par l'organisation Daesh, ces deux jeunes ont commis un acte de guerre destiné à diffuser la peur et surtout à semer la division entre religions qui, sous le coup, devraient "s'accuser" mutuellement.

Or ce terrorisme organisé déclare déployer ses maléfiques besognes au nom du Dieu très Haut, alors qu'il ne fait que l'insulter ainsi, en instrumentalisant son nom en vue de tuer. Comment ne pas penser à Caïn supprimant Abel son frère et, par un mensonge grossier, disant à Yahvé qu'il ne sait pas où il se trouve ! Et ce crime, ils l'ont commis dans une église, édifice construit au milieu des maisons des hommes, lieu dédié à Dieu pour accueillir les humains et les entendre lui confier leur vie, leurs souffrances, leurs peines, leurs bonheurs, leurs espoirs et leurs projets.

Le Père Hamel célébrait ce que les chrétiens appellent le Saint Sacrifice du Christ. Or la messe est le cœur du don que le prêtre fait de sa propre vie, offerte à Dieu et aux frères et sœurs en humanité jusqu'au sacrifice de soi. Aussi, d'avance et depuis son "oui" initial, le Père Hamel avait fait don de sa vie, et sa mort ne fait que transformer cette promesse en acte accompli qui le conduit à jamais dans le cœur de Dieu. Oui ! Je crois que le Père Jacques est dans la vie de Dieu dont, comme pasteur, il a témoigné toute sa vie durant. Il découvre et bénéficie entièrement aujourd'hui de cet Amour et de cette Paix qu'encore récemment il réclamait à Dieu "pour la famille humaine tout entière".

Nous pleurons son départ en de telles circonstances haineuses et violentes. Cet événement dramatique, qui vient augmenter la longue liste des morts de cette année 2016 dans les attentats terroristes, révèle que "le mal" est profond et durable. Or, comment laisser s'installer ces "mœurs" qui envisagent de tuer l'autre parce qu'il a des convictions, une vie sociale, une religion aux valeurs et aux normes éloignées et différentes ! Comment ne pas continuer à croire et promouvoir une société où le respect, le dialogue, la négociation et le compromis sont les règles de la rencontre ?

Certes il s'agit d'un combat de longue haleine qui a pour enjeu et projet "la civilisation". A la suite de Jean-Paul II, le pape François souhaite que celle-ci soit envisagée comme "celle de l'Amour", venant peu à peu remplacer celle de la guerre et de la domination, celle de la haine et de l'anéantissement de "l'autre". Ce mal universel qui gangrène les sociétés actuelles sera vaincu. Il appelle chacune et chacun à prendre sa place et sa part dans ce combat moral et spirituel, humain…