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Les billets du Père Lucien Marguet
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24 décembre 2019

Les saints innocents

Les saints innocents

Selon l’évangile de saint Matthieu (chapitre 2), le seul à raconter ces événements, Hérode le Grand, ayant intercepté des Mages venus d’Orient pour honorer le Roi des Juifs dont ils avaient appris la naissance, fit semblant de vouloir lui aussi faire une visite à l’enfant nouveau-né. En réalité, Hérode craignait l’arrivée de celui dont le prophète avait écrit : « Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es nullement le moindre des clans de Juda ; car de toi sortira un chef qui sera pasteur de mon peuple Israël ». Aussi demanda-t-il comme un service aux Mages qu’il recevait de venir l’informer de l’endroit où lui-même pourrait aller honorer ce « Roi ».

En songe, les Mages recevront ce message les avertissant de repartir dans leur pays par un autre chemin, en évitant d’aller faire un compte rendu de leur visite à la crèche de Bethléem à Hérode qui alors entrera en fureur et prendra la décision de faire mourir tous les bébés de la région ayant moins de deux ans, escomptant ainsi faire périr ce potentiel et redoutable rival qui pourrait devenir ce « Roi des Juifs » ! A l’évidence cet enfant, dans la mentalité largement partagée, devait ressembler à la figure de Moïse sauvé des eaux parmi tant d’enfants voués à la mort dans les eaux du Nil et devenu le libérateur du Peuple hébreu retenu en Egypte. Comme Moïse, Jésus en effet échappera au massacre décidé par Hérode, grâce à la courageuse initiative de Joseph et Marie de se réfugier en Egypte en attendant la fin de vie du roi Hérode le Grand. « Quand il eut cessé de vivre, l’ange du Seigneur apparait en songe à Joseph en Egypte et lui dit : ‘Lève-toi, prends l’enfant et sa mère et rentre au pays d’Israël’ » (Mt 2, 20-22). L’Egypte, terre d’exil et d’esclavage, devient au début de la vie de Jésus terre d’exode provisoire.

Alors que Noël, les circonstances précaires, la fragilité de l’enfant Jésus et le dénuement de Joseph et Marie ont servi de décor dans la simplicité et l’humilité, on assiste à la poussée violente de jalousie du roi Hérode le Grand, maître des lieux installé par l’occupant romain, qui prend la décision d’éradiquer toute une classe d’âge dans le but de supprimer celui qui pourrait un jour mener la révolte contre les autorités en poste et les institutions en place chargées de maintenir la « pax romana ». Le contraste entre Jésus désarmé, petit et démuni, signe de paix, de vie et d’universalité, entouré d’animaux domestiques, rejoint par des mages venus de pays lointains, et la furie incontrôlée et irrationnelle de ce roi Hérode qualifié de « grand », ce contraste souligné est saisissant. Il le demeura durant toute la vie de Jésus de Nazareth, Christ Messie, n’ayant que ses mains nues et la force de ses paroles jaillissant de sa seule énergie d’amour pour transformer des existences, appeler à se lever et se remettre debout.

Dans ces saints innocents, il ne faut pas voir la victoire des puissants sur des perdants sans défense, mais peut-être davantage un avant-goût de l’évangile des Béatitudes et du Jugement Dernier que cette phrase de Jésus résume ainsi : « Ce que vous aurez fait au plus petit des miens, c’est à moi que vous l’aurez fait »… Jésus nous révèle que les pauvres, les petits, les faibles, les sans voix et les sans toit, les migrants et les exilés, les blessés de la vie, sont invités à prendre place dans le Royaume de Dieu. Lorsqu’à 30 ans Jésus inaugurera sa vie publique, il confiera d’ailleurs aux envoyés de Jean-Baptiste, venus l’interroger de la part du prophète, ces signes annonciateurs et caractéristiques de son œuvre libératrice : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles retrouvent la vue et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle… »

Face à la violence d’Hérode, Jésus est venu opposer la puissance de vie de son Amour donné et proposé, jamais forcé ! Chacun entre en effet par la porte de sa propre « liberté ». Jésus dira souvent même à celui qu’il guérit : « Si tu veux, viens et suis-moi »…

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