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Les billets du Père Lucien Marguet
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24 décembre 2019

A la différence radicale des « divinités »

 

En parcourant les sites conservés avec précaution des cités antiques, des temples, des forums, en contemplant les statues des divinités mythologiques et les arcs de triomphe édifiés après des victoires guerrières, j’ai ressenti en Grèce que le pouvoir et la puissance étaient les ressorts principaux des aspirations de ces peuples anciens. Il fallait que toute « œuvre » soit grandiose, car c’était ainsi afficher la preuve de la toute-puissance de ses capacités et de ses convictions politiques, économiques et religieuses associées.

L’homme de l’Antiquité est fasciné par la haute marche sur laquelle il construit un panthéon, par la colline qui domine. Il nourrit la conviction que les dieux ne sont alliés que de ceux qui osent montrer leur puissance. La richesse n’est-elle pas la rétribution accordée en échange de la capacité des plus forts à s’imposer aux autres et à les dominer ?

Dans son histoire, l’Eglise a parfois été tentée de pratiquer ce chemin et ces moyens de pouvoir et de puissance pour diffuser le christianisme, en pensant que pour se montrer crédible elle se devait d’être alliée aux puissants ou le devenir elle-même. La finalité de sa mission étant juste et conforme à la volonté de Dieu, l’Eglise a pu développer en certains moments et endroits de son parcours des méthodes violentes pour répandre l’Evangile et d’abord baptiser sans passer par l’adhésion volontaire de ceux qui se voyaient collectivement imposer ce sacrement. Or la vie de Jésus depuis la visite de l’ange à Marie, en passant par sa naissance à Bethléem, ses trente années à Nazareth, sa présence discrète et toujours attentive et bienveillante en tant de circonstances vis-à-vis de tous, ses paroles, ses actes, ses comportements, ses initiatives, n’ont jamais été marqués par un désir de puissance ni de victoire sur l’autre, encore moins de domination jusqu’à l’asservissement.

Jésus rompt d’ailleurs avec cette mentalité que réussir, obtenir, gagner, se montrer le plus fort, sont des signes de bénédiction et d’approbation de Dieu. Son chemin aboutira au sommet d’une colline, mais son arc de triomphe sera la Croix par laquelle il parachèvera son parcours de service dans le don de sa vie par Amour. Saint Paul, l’apôtre des Grecs, décrira Jésus devant des gens qui avaient des croyances religieuses dont les maîtres mots étaient la grandeur, l’efficacité, la réussite, la victoire. Dans son épitre aux Philippiens (2, 6-8), Paul écrit : « Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’anéantit lui-même, prenant la condition d’esclave et devenant semblable aux hommes. S’étant comporté comme un homme, il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort et à la mort sur une croix ! »

Ainsi nous ne devons donc jamais craindre, nous les chrétiens, d’apparaître minoritaires lorsque nous nous réunissons au nom de Jésus. Notre petit nombre ne doit jamais paralyser notre courage pour exprimer et argumenter notre point de vue sur telle ou telle question qui concerne la vie humaine. La vérité n’est pas conditionnée par le nombre de gens qui la professent. En Grèce, la religion orthodoxe est de loin majoritaire. En Algérie, c’est l’islam. Dans ces deux pays que j’ai eu la chance de sillonner, les communautés catholiques sont petites, modestes et humbles, mais elles me sont apparues tellement en phase avec Jésus, ne basant leur témoignage que sur la puissance de leur foi, de leur espérance et d’abord de leur choix de vivre la charité en communauté tournée vers leur pays.

Oui, Dieu est tout-puissant, mais de Vie et d’Amour, de paix et de miséricorde. A la différence de toutes ces divinités que l’homme a cru bon et nécessaire de se fabriquer et d’honorer…

 

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