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Les billets du Père Lucien Marguet
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28 mars 2020

Confidences et questions

 

Nul n’est en droit de s’ériger en juge de son frère. Tout au plus chacun peut-il comparer et apprécier les façons diverses et différentes qu’ont des proches d’envisager leur vie. A plusieurs reprises, j’ai été questionné sur l’homosexualité et les comportements qui en découlent. Je constate que nombre de familles sont concernées par l’homosexualité de l’un de leurs enfants ou d’un proche. Qu’est-ce que l’Eglise en pense ? me demande-t-on alors.

Souvent mes interlocuteurs s’attendent à une condamnation sans appel au nom des principes de la morale chrétienne. Or je n’aime jamais adopter cette position de docteur de la loi ou le curseur qui se contenterait de rappeler le « permis » et « l’interdit » et prétendrait ainsi définir ce qui est bien et ce qui est mal. Je m’efforce davantage de rejoindre le plus respectueusement possible les personnes dans leur situation, leur histoire, sans préjugement, et de les écouter pour comprendre ce qui les motive et finalise leur existence, ce qui anime leur cheminement.

Ne faut-il pas en premier éviter en effet de traduire en choix libre ce qui s’avère plutôt comme les conséquences de conditions sur lesquelles la volonté n’a guère de prise ! Ne faut-il pas aussi éviter de qualifier de « péché » un comportement quand on constate que l’homosexualité n’est pas une décision, mais plutôt une situation à assumer ? Aussi mon attitude est-elle plutôt d’accompagner les personnes dans leur existence, telle qu’elle apparait, et mes paroles visent-elles à les encourager à développer avec leur partenaire des relations de qualité, de respect et d’humanité sincère et vraie.

Chacun(e) de nous sait que l’on peut trouver beaucoup d’affection et de tendresse, de don de soi, dans une vie située en dehors des cadres habituels. Si les normes et conventions sont importantes en vue d’un vivre ensemble social, elles ne se substituent jamais à l’esprit qui porte les intentions de chacun vers ce qui est bien et bon. La morale chrétienne ne se réduit pas à suivre les traditions et les coutumes de la culture dans laquelle se situe notre vie. L’Evangile et l’Esprit qu’il transmet peuvent s’insérer et inspirer des parcours humains en toute condition et en toute situation.

En résumé, mon attitude sera chrétienne, me semble-t-il, quand la personne qui s’adresse à moi découvrira et ressentira qu’elle est aimée par Dieu d’un amour inimaginable et invitée elle-même, en toute circonstance de son existence, à aimer « comme Dieu Père, Fils et Esprit l’aime », à travers les postures et attitudes qu’elle adopte. Oui ! On peut croire en Dieu d’Amour et de miséricorde, et développer avec Lui une relation de proximité dans la prière, avec humilité, loin de tout orgueil et suffisance. En christianisme la Foi, l’Espérance et la Charité prévalent sur tout.

En contemplant Jésus vrai et sûr berger de toute humanité, je comprends qu’il a abordé tant et tant de gens dont les comportements étaient divers et différents. Or il n’a jamais écarté personne de son chemin. Il n’a jamais bradé l’amour exigeant et permanent auquel Dieu a appelé tout être humain à répondre dans la réciprocité. Au-delà des étiquettes et des classifications que la société se plait à utiliser pour répartir les gens, ne doit-on pas rejoindre chacun, si possible au cœur de sa conscience, là où s’élaborent, se ratifient et s’expriment les décisions et où sont choisis ou consentis les comportements présents et futurs ?

Qui serais-je pour « trancher » sur ces sujets délicats qui touchent au plus intime, en risquant de piétiner l’âme que Dieu seul connait « vraiment » ?

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