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Les billets du Père Lucien Marguet
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12 mai 2020

Famille et confinement… Et s’il en sortait du positif ?

 

Je vous partage ci-après un billet qui m'a été envoyé par une famille amie...

 

17 mars 2020, 20 heures…. La famille est réunie devant la télévision.

La nouvelle pressentie tombe : CONFINEMENT, restez chez vous, c’est la guerre !

Les parents sont sidérés, les ados crient de joie « On est en vacances ! ». Sans bien réaliser la gravité de la situation, les étudiants s’interrogent « Et mes cours à l’université, et mes examens ?? »….

Puis la première semaine de confinement commence.

Une réalité s’impose alors pour tous, ce temps dont on se plaint si souvent de manquer, nous est enfin donné mais sous une forme particulière, celle d’un huis-clos imposé !

La cellule familiale parents-enfants prend alors conscience de ce fait : il va falloir cohabiter 24 heures sur 24 … Bonne ou mauvaise nouvelle ? Chacun s’interroge, chacun pense que ce n’est pas gagné et que sa liberté personnelle va être mise à l’épreuve.

Les premières semaines de confinement sont effectivement difficiles.

Les parents sont toujours dans le tourbillon du travail, il faut télétravailler. Les réunions virtuelles, les rapports sur ordinateur se multiplient, on craint de ne pas être efficace. Le travail sur écran fatigue et stresse, les connexions sont parfois mauvaises.

Les enfants et adolescents doivent suivre leurs cours sur ordinateur et ne sont pas toujours motivés.

Un sentiment d’injustice apparaît, l’adolescent a l’impression d’être puni à la maison, il s’ennuie et communique avec ses amis, toute la journée, seul dans sa chambre avec son précieux portable.

Des conflits avec les parents surgissent, parfois violents, surtout si le dialogue avant confinement était déjà conflictuel.

Cependant, le confinement change le contexte. Les disputes, les conflits, la rancœur sont enfermés à double tour à la maison, impossible de les sortir. Les problèmes sont là, en pleine face. Ils prennent leur place, ils sont bien plus visibles, présents, pesants. 

Ils nous obligent à les regarder, à rentrer à l’intérieur pour mieux les voir. Le confinement permet de le faire, il nous y oblige, c’est une question de survie au sein de la cellule familiale. On a le temps, l’espace nécessaire, les personnes disponibles. Ce que l’on n’arrivait pas à se dire, on va pouvoir enfin le faire parce que l’on est ensemble dans une durée et qu’une conversation d’un jour va pouvoir se continuer le lendemain sans interruption professionnelle ou scolaire.

Au fur et à mesure que les semaines passent, chacun apprend à lâcher prise et à s’organiser.

L’adolescent, surexposé, rempli de téléphone portable et d’ordinateur, va être en surdosage (les parents ne pensaient pas que cela puisse être possible !). L’enfermement « écrans » va se superposer à l’enfermement « maison » et l’adolescent va progressivement sortir de sa chambre.

Les parents vont mieux maîtriser leur emploi du temps en télétravail.

Chacun va avoir du temps pour réfléchir, ralentir, penser à sa vie, à soi, aux autres.

On va changer ses lunettes et regarder ce qui nous entoure différemment, avec davantage d’attention et de soin.

Parents et enfants vont se retrouver dans des activités qu’ils n’avaient plus l’habitude de faire ensemble : cuisine, jeux de société, jardinage, promenade. Les liens vont se renforcer, en couple et en famille, entre frères et sœurs. Il y a une forme de complicité retrouvée, on a du temps pour se recréer, s’apprivoiser à nouveau.

Une autre réalité va également apparaître. La famille, en écoutant les médias et les nouvelles qui parviennent quotidiennement, comprend que c’est une guerre mondiale très grave. La famille se représente alors dans ce monde, petite entité comme tant d’autres, à l’abri. Chaque être humain est concerné, les proches, les amis, la terre entière.

Même la messe a la télévision, en famille, prend une autre dimension. A la maison, notre appartenance au monde est renforcée. L’esprit s’ouvre, on communie avec les autres.

Des initiatives d’entraide et de solidarité s’organisent : parents et enfants font ensemble une collecte de tissu pour réaliser des surblouses pour l’hôpital.

Un parent soignant entend les applaudissements et la fierté de son adolescent avec lequel il avait des difficultés à communiquer avant le confinement.

L’adolescent plutôt centré sur lui-même va prendre sensiblement conscience de cette situation. Il va avoir alors besoin d’être rassuré et de se sentir protégé au sein de sa famille alors que justement, quelques semaines auparavant, il réclamait sa liberté et son indépendance.

Les parents, également, vont avoir ce souci de protection envers leurs enfants et vont se rappeler combien ils tiennent à eux. Ils vont pouvoir le redire à leurs enfants et vont pouvoir aussi en discuter en couple.

Le couple va également pouvoir se retrouver dans des activités communes (finir un bricolage ensemble, jardiner). La fatigue et le stress sont moins présents et facilitent ces échanges.

Il y a un avant et un après confinement.

Parenthèse « enchantée » ? A relativiser par le contexte grave de la crise sanitaire.

Un peu de répit, d’introspection, sûrement.

En tout cas, une prise de conscience de ce qui compte vraiment dans la vie, dans sa famille.  

Se redire que le dialogue est important et que ce qui a été révélé pendant le confinement, nos failles mais aussi nos forces, doit rester dans nos pensées comme une empreinte et nous servir pour la suite.

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