La Parole de Dieu en toute rencontre chrétienne

 Une bonne habitude désormais établie et prise dans tout groupe « chrétien » est d’ouvrir la Bible, de choisir un texte ou de prendre l’évangile de la messe du jour, soit au début soit à la fin de la rencontre, pour le laisser éclairer en profondeur le partage de vie et de foi qui va être ou qui vient d’être fait. Un temps de silence suit la lecture de la Parole et permet à chaque participant de se rendre attentif aux messages que délivre ce texte. Chacun(e) peut alors restituer à haute voix ce qui l’interpelle et « l’essentiel » qu’il retient. L’animateur de la réunion peut alors prononcer une « conclusion » à l’adresse du groupe.

 Les chrétiens aiment recourir à la Bible, non pas en tant qu’elle est un recueil de livres saints, mais parce qu’elle est un canal privilégié pour Dieu qui peut ainsi s’adresser aux croyants et les entre-tenir, les appeler, les interpeller et les faire grandir dans la Foi, l’Espérance et la Charité. La Bible et tout spécialement le Nouveau Testament sont des récits fondateurs des communautés chrétiennes. La Parole de Dieu est une référence, un logiciel commun pour les chrétiens qui en tirent des enseignements et des directives analogues pour leurs pensées, leurs paroles et leurs actes, la conduite morale et spirituelle de leur vie. Aussi la lecture et le partage de la Parole de Dieu que dispense la Bible deviennent-ils une source de vie. Chaque célébration dans l’Eglise – messes paroissiales, baptêmes, mariages, obsèques – comporte toujours une séquence qui diffuse un message biblique. Bien sûr les catéchèses dispensées aux enfants et aux adultes s’appuient toujours sur la Parole de Dieu, tout comme les assemblées de prière, de louange et d’adoration. On peut donc dire que la Bible est une garantie d’authenticité chrétienne – et j’ajouterai même de sensibilité œcuménique.

 La Parole de Dieu n’est jamais la propriété privée de quelques chrétiens qui la fréquenteraient et détiendraient l’exclusivité de sa compréhension et de l’explication de ses divers textes. Tout le monde, dans sa langue, peut seul ou avec d’autres « accéder » à la Bible ouverte à tous. Les missionnaires ont tous pris soin de traduire les textes sacrés dans les langues des ethnies dont ils venaient partager la vie en vue de faire connaître Jésus et l’Evangile. Il revient aux chrétiens d’aujourd’hui de montrer en paroles et en actes combien la Parole de Dieu demeure sel, lumière et levain pour l’humanité contemporaine.

 Il existe pourtant des dangers de manipulation et d’instrumentalisation des écrits bibliques. Je pense à ces politiques qui, pour camoufler leurs méfaits, cherchent à se faire cautionner par Dieu, en interprétant d’une façon tordue certaines références bibliques. La toute-puissance et la force violente peuvent donner des idées à certains pour garder leur place et jouer leur rôle politique, social et religieux, et même familial. Oui, dans l’histoire, par facilité et même par faiblesse, on a pu faire approuver par la Bible certains excès et proférer certaines contrevérités.

 Enfin, à l’opposé de cette rumeur parfois répandue selon laquelle les religions seraient sources de divisions, la Bible, livre de chevet et logiciel d’humanisme et d’universalité - à condition qu’elle soit davantage et intelligemment fréquentée, en vérité, qu’elle soit mieux intériorisée et concrètement mise en pratique -, devrait devenir un ciment résistant d’union et de fraternité universelle entre tous les peuples et les divers citoyens du monde, tous différents. La Bible, un manuel de bord à l’usage de tous, embarqués pour la même traversée !...