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Les billets du Père Lucien Marguet
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28 juin 2021

Critique personnelle des évêques américains…

 

Le positionnement affiché des évêques américains qui sont sur le point d'exclure de la communion eucharistique le président actuel des USA sous le prétexte qu'il n'a pas l'intention d'abroger les lois donnant droit à l'avortement me semble une grave erreur. Le président de la plus grande démocratie du monde n'a pas été élu pour régenter les consciences de tous les citoyens américains, mais pour assurer un cadre légal aux choix moraux que tout un chacun est en capacité et en droit d'effectuer.

À aucune forme d'autorité ecclésiale n’est confié le rôle de "régenter" toute la société au nom de Dieu ou d'une foi religieuse particulière. Ce que l'on peut attendre d'un président et des autorités d'un état démocratique, c'est précisément d'assurer la coexistence pacifique et tolérante de multiples courants de pensée et d'engagements politiques, culturels et religieux. Bien sûr les évêques catholiques ont par contre le devoir de former les consciences des fidèles pour que ceux-ci aient les capacités intellectuelles et spirituelles d'opter pour la vie, contre le choix, fut-il légal, d’avorter. Les élus ont mission de gouverner et de produire des lois inclusives de l'ensemble des citoyens, dans le respect de leurs convictions les plus intimes.

Aux chrétiens, aux évêques, il revient donc de diffuser les valeurs humanistes et morales tirées de la Bible et de la longue tradition de l'Eglise qui les créditent d'une sagesse à destination de tous. Ce positionnement doit passer par la liberté de conscience et de penser, et jamais par la contrainte ou la menace d’excommunion. Les évêques américains nous semblent avoir en tête une conception très datée de l'Eglise dans ses rapports avec le pouvoir séculier. L'Eglise détiendrait un super-pouvoir qui l’autoriserait à imposer à tous les citoyens d'une démocratie ses convictions par le biais des autorités qui la dirigent, surtout lorsque celles-ci s'affichent catholiques pratiquants réguliers.

J’ose discerner dans cette posture des évêques américains une conception dépassée de la nature de l'Eglise dans le monde que le Concile Vatican II a pourtant redéfinie d'une manière claire. Ce que l'on peut attendre des croyants catholiques, c'est qu'ils témoignent en paroles et en actes, jusqu'à influencer ou faire changer d'avis leurs interlocuteurs devant telles ou telles grandes interrogations existentielles ou choix de vie.

Dieu a confié à L'Humanité le soin et les outils pour s'organiser et s'orienter. Les chrétiens ne manquent pas de références dans l'histoire du peuple hébreu et les deux mille ans d'histoire de l'Eglise, tout spécialement l'époque romaine constantinienne, le Moyen Âge et la longue histoire de la royauté en France. Nous avons aussi fait des expériences de dictature et assistons à des régimes qualifiés de théocratiques dans lesquelles les lois seraient établies au nom de Dieu… Les régimes démocratiques apportent les preuves qu'ils sont les plus aptes à satisfaire aux vrais besoins humains.

Après avoir parcouru ce billet, le lecteur va peut-être se dire que l'auteur a trop d'audace à s’autoriser ainsi de diffuser ce qui n'est qu'un point de vue, partiel, partial, sans l’autorité théologique et pastorale requise ?

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