Une Eglise animée de l'intérieur par l'Esprit…

Qui rêve d'une Eglise parfaite risque à la longue d'être fort déçu ! Car l'Eglise est composée de membres dont l'humanité est fragile et faillible. L’histoire de l'Eglise, dans ce qu'elle nous dit de ses rapports à la société et de son positionnement face aux événements, est faite de hauts et de bas, de lâchetés, de faiblesses et parfois d'erreurs, à travers ses fidèles et ses hiérarchies successives. Tout en souhaitant qu'elle se purifie et s’améliore et en priant souvent pour cela, comment ne pas adhérer à une Eglise qui ne soit pas "rêvée" parfaite mais d'abord et surtout, à la suite de Jésus, animée de compassion et de miséricorde, y compris pour les pécheurs qui se sont rendus coupables d'actes destructeurs de vie ?

Jésus, dans ses paroles et ses engagements à l'égard des pécheurs, nous montre comment l'Eglise de tout temps est invitée à se comporter. N’a-t-il pas confié un jour : "Je suis venu pour les pécheurs et pas pour les bien portants" ? D'ailleurs Jésus ne s'est-il pas retrouvé entouré de gens incertains et fragiles ? Judas a vécu à ses côtés alors qu'il avait déjà vendu son Maître bien avant l'arrestation à Gethsémani. Jésus avait choisi lui-même Simon, comptant beaucoup sur sa solidité pour assurer la suite après lui. Or, au moment du jugement, Pierre renie trois fois Jésus. Après sa résurrection pourtant, il le fera pêcheur d'hommes : "Pierre, m’aimes-tu ?". Thomas doutera que Jésus soit ressuscité. Paul, après avoir participé activement à éliminer les premiers adeptes du Christ, se convertira à lui et deviendra un immense missionnaire en diffusant son Evangile de vie. Je n'oublie pas non plus les rivalités mesquines entre disciples qui provoquaient entre eux des échanges verbaux violents pour savoir qui prendrait la première place auprès du maître du Royaume.

Cette ébauche d'Eglise des commencements du christianisme était-elle donc composée de gens parfaits ? Et la pécheresse condamnée à qui Jésus pardonne ? La Samaritaine ? Le receveur des impôts Zachée ? Marie-Madeleine pleurant aux pieds de Jésus ? Et tant d'autres récits évangéliques où éclate l'amour infini de Jésus ? Jusqu'à ce moment où, cloué sur la croix, Jésus prononce ses pardons, d'abord à ses bourreaux : "Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font." et, à l'adresse d'un condamné à mort crucifié en même temps que lui et repenti, "Aujourd'hui même, tu seras avec moi dans le Paradis".

C'est en contemplant Jésus parlant et agissant ainsi avec amour que je me permets de m'interroger sur l'Eglise actuelle : sous prétexte de ne pas apparaître souillée et imparfaite, n'a-t-elle pas trop tendance à exclure plus qu'à accompagner et soutenir ses membres qui se sont rendus coupables d'actes condamnables qu'ils ont reconnus et regrettés ? Ce serait dramatique de penser que notre Eglise s’avoue incapable de s'inspirer des attitudes qu'adoptait Jésus dans sa vie, telles que les évangiles nous en parlent.