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Les billets du Père Lucien Marguet
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3 juillet 2021

14ème dimanche du temps ordinaire (Année B)

4 juillet 2021

 

Ezéchiel 2 2-5 - 2ème Corinthiens 12 7-10 - Marc 6 1-6

 

Ne nous est-il jamais arrivé d'envier les contemporains de Jésus, ses proches, sa famille, pour la chance qu'ils avaient de partager sa vie quotidienne ?

Or, un jour, nous dit saint Marc, Jésus se met à enseigner dans la synagogue. Et ses proches, qui croyaient le connaître, se montrent plus qu'étonnés par ses paroles. Ainsi ce jour-là Jésus ne réussit pas à susciter la foi en lui. Comme si le fait que ses proches connaissent son origine sociale et familiale les empêchait d'adhérer à ce que Jésus disait de Dieu. En fait, dit Jésus, "un prophète n'est méprisé que dans son pays ; sa famille et sa propre maison". Alors Jésus était-il trop proche ? Trop semblable ?

Du coup, est-ce à dire que le fait que Dieu se soit fait homme pour habiter parmi nous et partager notre vie devient non plus une chance, mais un obstacle ?

Chacun de nous peut prendre cet évangile comme interpellation pour sa propre vie. Quel parent n'a jamais été étonné par les paroles d'un enfant lorsque parfois il s'affirme en contradiction ? Quel couple n'a un jour constaté que la vie commune n'empêche pas une certaine méconnaissance mutuelle, pour peu que certaines choses vécues par l'un ou l'autre n'aient pas été partagées ?

Une amitié a beau être solide, un jour ou l'autre on s'aperçoit que face à tel ou tel événement les points de vue sont divergents et les comportements différents. On peut alors découvrir que l'amitié avait pu freiner la confrontation et empêcher de se parler en vérité.

Or je trouve que cette page d'Evangile arrive à point en ce début de vacances. Car les vacances offrent un temps de plus grande attention et de plus dense présence. Les couples se retrouvent plus longuement. A la faveur d'activités communes, les parents et les enfants sont plus proches. Les jeunes peuvent découvrir des horizons nouveaux, retrouver leurs cousins et cousines et approfondir les amitiés. Se poser, se reposer, se parler, quitter la vie trépidante et le stress de l'année. Tous, n'avons-nous pas à actualiser notre regard sur nos proches, à l'accorder à la réalité ? Ne sommes-nous pas surtout invités à un regard plus intérieur, moins superficiel et rapide sur les autres ? La proximité peut générer la routine et donner l'illusion que l'on connaît ses proches. Une distance prise, fortuite ou choisie, peut assainir la relation et donner chance à une meilleure connaissance.

Par les évangiles, nous savons combien Jésus a peiné pour inciter les disciples à un autre regard sur lui. Il leur faudra le temps des erreurs de jugement et des faiblesses avant qu'ils ne comprennent qui était réellement Jésus. Ils avaient tellement tendance à projeter leur conception du Sauveur qu'ils ont eu bien du mal à le reconnaître sous les traits de Jésus de Nazareth. A l'heure actuelle du zapping, du prêt à consommer, du fast-food et du surgelé, de la pensée unique qui survalorise l'importance du visible, nous devons mettre en œuvre notre faculté de résistance pour rechercher le sens de la vie et voir la face cachée des choses et des êtres. Il nous faut actionner souvent notre remonte-pente intérieur, à contre-courant du matérialisme et du consumérisme primaire. S'arrêter, regarder, contempler, écouter, réfléchir, dialoguer, prier… Nous recueillir pour laisser descendre en nous plus de vérité de Dieu, des autres, des proches aimés. "L'essentiel est invisible pour les yeux", disait le renard au Petit Prince de St Exupéry.

Notre raison et notre besoin de savoir peuvent aussi nous empêcher de croire. Au 11ème siècle, St Anselme écrivait : "Allons, courage, pauvre homme ! Fuis un peu tes occupations, dérobe-toi un moment au tumulte de tes pensées. Rejette maintenant tes lourds soucis et laisse de côté tes traces. Donne un petit instant à Dieu et repose-toi en lui. Entre dans la chambre de ton esprit, bannis-en tout sauf Dieu ou ce qui peut t'aider à le chercher. Ferme la porte et mets-toi à sa recherche".

Il était encore loin ce temps où serait reconnu Jésus comme le Fils venu révéler le Père. Interrogé sur sa foi, Théodore Monod avait confié : "Jésus nous dit une chose unique qui devrait nous suffire pour orienter toute notre vie : Dieu est Amour et il nous appelle à l'amour… La foi chrétienne n'est pas qu'un état d'âme, si élevé soit-il. C'est d'abord une volonté d'agir pour faire advenir concrètement en ce monde le Royaume de Dieu. Prière et action, lutte et contemplation… Qui peut se dire vraiment chrétien ? Je ne suis qu'un obscur apprenti qui marche loin, très loin derrière son maître".

"Ce jour-là, dans la synagogue, Jésus ne put accomplir aucun miracle… et s'étonna de leur manque de foi". Que ce temps de l'été soit pour chacun de nous un sabbat de réflexion, de contemplation, de respiration spirituelle, de retrouvailles avec Dieu et avec nos proches.

 

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