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Les billets du Père Lucien Marguet
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12 décembre 2021

Comment parler de Dieu

 

Le langage qui parle le mieux de Dieu n'est pas toujours celui qui emprunte au vocabulaire religieux, hermétique et parfois indéchiffrable pour beaucoup de gens. Pour parler et proposer la foi, jusqu'à peut-être en éveiller le goût, le terrain humain me semble préférable.

En effet c'est l'endroit et le moment où l'on se sent à égalité pour parler de la vie et des expériences qu'elle prodigue à chacun dans sa propre existence singulière. Le croyant peut alors, dans la confiance, témoigner de l'éclairage particulier que lui fournit sa foi en Dieu. Car être chrétien, c'est bénéficier de ce regard, cette écoute, ce discernement que lui apporte l'Esprit divin présent et actif dans le déroulement d'une vie séculière et concrète. À propos de tel ou tel événement, le croyant verra la présence et l’appel de Dieu là où le non-croyant ne verra que l'œuvre exclusive de l'homme. Il en a d'ailleurs été ainsi des rencontres de Jésus avec les gens qu’il croisait et secourait au cours de son itinéraire. Certains ne percevaient dans ses paroles, ses actes, ses réactions, les marqueurs de son humanité, qu’un bienfaiteur généreux, tandis qu'un petit nombre a su reconnaître en Jésus de Nazareth le Messie attendu envoyé par Dieu.

On comprend donc par la vie humaine de Jésus, ses paroles, ses actes, ses choix, ses résistances et ses insistances, les paraboles et les allégories qu'il raconte pour transmettre ses messages, combien Jésus inaugure et initie un royaume nouveau, une façon inédite de vivre le parcours terrestre personnel et collectif. Il apparaît que Dieu lui-même a choisi d'envoyer Jésus dans l'aventure humaine en le faisant naître d'une femme, dans une tradition religieuse, au cœur de l'histoire d'un Peuple particulier, afin qu’il devienne pour tous les peuples et toutes les époques le référent universel de l'humain. "Dieu en Jésus s'est fait Homme pour que, peu à peu, celui-ci devienne Dieu".

Jésus montre le visage de son Père en passant par le langage humain des paroles et des actes. Il nous révèle ainsi la présence et le sens caché à l'intérieur des réalités sensibles et visibles. Or, le croyant accompagné par Jésus et inspiré par l'Esprit ne discerne pas que le bien et le beau, la perfection ; il ressent aussi l'inachevé, le mal, l'injustice, l'imperfection et les ratés, y compris parmi la communauté des croyants qu’est l'Eglise dont il est membre. Heurté par ses faiblesses, bouleversé par les limites et égarements de ses frères et sœurs en religion, le croyant apprend l'humilité dans le partage d'une même condition humaine. Dans cette médiocrité et les salissures du monde, les croyants eux-mêmes admettent qu'ils doivent leur salut au Dieu Père miséricordieux, ressemblant à ce père dont le fils cadet gaspille tout son crédit d'estime dans une vie autonome et gaspillée. L'Eglise s’imaginait parfaite, elle est en réalité elle-même bénéficiaire du salut de Dieu.

N'avait-il pas raison, Thomas, lorsqu'il interpellait Jésus par ces mots : « Montre nous le Père et cela nous suffit », à qui Jésus répondait : « Qui me voit découvre Dieu le Père. » ?

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