Noël… un enfant nous est donné !

Je ne sais si vous ressentez comme moi l’air du temps très marqué par le doute, l’incertitude, le désarroi, par le scepticisme et même la méfiance et la défiance, le manque de confiance aux autres et en l’Avenir. Or Noël, faire mémoire de la naissance de Jésus, Fils de Dieu, c’est se remettre à croire en l’avenir de l’humanité et croire qu’il est toujours possible d’inverser, de changer, de transformer, d’améliorer notre vie au-delà de l’imaginable et de nos forces…

Un jour, le prophète Jean-Baptiste enverra des proches demander à Jésus s’il est bien le Messie attendu par le peuple juif. Vous savez quels signes Jésus a alors fournis comme preuve de son origine : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles retrouvent la vue et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle »… Toutes ces blessures qui détériorent la vie humaine, Jésus les guérit et ainsi transforme les cœurs, il nous invite à transformer nos doutes en confiance, en croyance, en espérance !

A Noël, un bébé né dans une mangeoire dans l’humilité et la simplicité est le signe qui nous invite à basculer du passé qui enferme à l’avenir qui ouvre. Un jour dans ses discours Jésus dira : « Si vous ne redevenez comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux… » Mais comment, étant adulte, garder une âme d’enfant ? En demeurant toujours tourné vers demain. Tel un enfant dont l’existence se conjugue dans toutes les potentialités qu’il détient. Un bébé se contemple en son devenir, en son Avenir, un adulte par son passé, ce qu’il a fait dans et de sa vie, de son humanité, de ses capacités, de ses qualités, dons et talents…

Jésus dans sa mangeoire peut constituer pour nous un appel à garder un cœur d’enfant, c’est-à-dire toujours ouvert et ancré dans un futur, et en refusant dans les erreurs, les faiblesses et les ratés du passé ce qui peut nous laisser atteindre par la déception, le scepticisme et la défiance. Même si nous avons déjà parcouru les plus grandes étapes de notre vie, même si nous avons connu des déboires, même si nous avons l’impression d’avoir tout vu, tout entendu, tout essayé, et que nous nous sentons rassasiés jusqu’à être blasés, puisse cet enfant Jésus en la crèche chuchoter en nos cœurs que nous avons tous et toutes, chacune et chacun, quels que soient notre âge et notre itinéraire, une possibilité de progresser humainement, spirituellement.

Ainsi dans ce climat d’incertitude et de peur dans lequel évolue l’humanité, dans ces rivalités et même ces conflits qui demeurent entre continents et peuples, dans cette course au chacun pour soi, l’Enfant Jésus dans sa fragilité nous appelle à croire qu’avec une âme d’enfant, une intelligence et des capacités d’adulte, on peut changer et transformer la vie humaine. Ne refermons pas trop vite le livre contenant les grandes interrogations que les enfants eux-mêmes dès leur plus jeune âge se posent : d’où venons-nous, où allons-nous, par quel chemin humain progresser, de quelle façon et avec quel logiciel conduire notre vie au cœur de ce monde ?

Et si Noël était l’occasion pour nous de retrouver un cœur d’enfant et de trouver l’Espérance que donne un Avenir en permanence ouvert sur la haute mer à l’horizon du voyage ! Larguons donc les amarres qui nous retiennent à quai et prenons le large pour avancer sous le souffle de l’Esprit.