Merci aux parents…

Outre ces images qui font de nous des spectateurs de la guerre en Ukraine, avec ces destructions d'immeubles, de lieux de vie tels les écoles, les hôpitaux, et ces morts jonchant les rues, ces mamans et enfants réfugiés dans les couloirs du métro ou abris précaires creusés dans la terre ou les sous-sols de maison réquisitionnées, la terreur répandue partout a pour but d'obtenir la soumission de tout un peuple. Ce qui est bouleversant aussi, ce sont ces foules à pied, ces colonnes de voitures, ces trains et bus bondés qui permettent à des familles de fuir les lieux dangereux et espérer être accueillies dans les pays voisins hospitaliers. 

Or autant la décision de faire la guerre me rend triste et dubitatif sur les capacités humaines à choisir le bien et le promouvoir, autant la bonté spontanée de celles et ceux qui se portent volontaires pour recevoir chez eux en leur ville ou village des réfugiés rachète la lâcheté coupable de ceux qui les obligent à quitter leur pays. Tandis que les mamans et leurs enfants franchissent les frontières, les maris revêtent l'habit de guerre, dressent des barricades, apprennent à se servir des armes de défense tout en gardant le contact avec leurs épouses par téléphone portable. Les moyens audiovisuels aujourd'hui très développés nous rendent témoins de ces combats, grâce à ces nombreux reporters de guerre, courageux et soucieux de diffuser la réalité et le vrai. 

Ce qui me saute aux yeux dans ces images de guerre, plus encore que ce qui détruit et tue, c'est l'affection, la tendresse, la délicatesse que l'on ressent dans les couples, ce bel amour qui "lie" les enfants à leurs parents, en un mot la vie de famille dans laquelle les aînés, les vieillards ne sont jamais oubliés et toujours entourés ! Ces parents ont fait naître leurs enfants dans ce monde qu'ils espéraient plus accueillant. Aujourd'hui ils les protègent de cet univers dangereux du fait de la perversité de certains puissants et violents. Comment ne pas souhaiter à ces enfants et leur famille un proche avenir de retrouvailles joyeuses, dans la paix et la fraternité enfin redevenues les piliers d'un vivre ensemble démocratique et libre ? 

Aussi, plus que jamais, ces enfants dans la tourmente devenus adultes devront-ils se souvenir combien ils doivent dire "merci", "grand merci". Je sais que dans nos sociétés actuelles ce mot n'est pas toujours assez prononcé. Chacun oublie vite qu'il s'est construit grâce aux autres dont il a souvent énormément reçu. Je constate trop souvent de l’ingratitude à l'égard de celles et ceux qui nous ont donné des moyens et des raisons de vivre. Facilement individualistes et même égoïstes, nous nous croyons seuls au monde alors que nous sommes ce qui nous a été donné. Nous allons jusqu'à croire que c'est un dû que nous réclamons, alors que dans le cadre familial c'est d'abord un don. Cette ingratitude, nous la laissons s’installer en nous dans la relation que nous avons avec Dieu, notre origine et notre finalité. Jésus avait guéri dix lépreux ce jour là. Deux seulement sont venus lui dire merci ! 

Au cœur de ce drame qui se déroule sous nos yeux, comment ne pas remarquer les "merci" qui sortent de la bouche des réfugiés, des vieillards protégés par leurs enfants, du Président ukrainien lui-même en direction de ses compatriotes et de l'Europe qui le soutient.