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Les billets du Père Lucien Marguet
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18 mars 2022

Savoir et croire, deux versants adossés…

 

Les sciences se sont imposées dans la course à l'avancée des connaissances. Il n'est plus de domaine qui ne repose sur une démarche intellectuelle rationnelle. Chaque discipline revendique pour elle le qualificatif de scientifique. Depuis la chimie jusqu'aux sciences humaines en passant par la physique bien sûr, les mathématiques appliquées et tant d'autres recherches fondamentales, la raison trouve une première place. Du coup elle écrase jusqu'à les discréditer et même les ridiculiser celles et ceux qui ont des convictions, des opinions et manquent de preuves pour fonder ce qu'ils croient. Le savoir "déclaré" scientifique estompe un peu la crédibilité et même l'utilité du croire. Cette forme de rapport à la vérité qui s'impose finit par marginaliser ceux qui choisissent d'y accéder par un versant différent tel que l'art, la philosophie, la théologie, la culture et bien sûr la foi et la morale religieuse. L’intuition, l'expérience personnelle et sociale, les relations conjugales, familiales, sans dédaigner la Raison, peuvent être source de vérités qui ont des raisons fondées autres que scientifiques. 

Or la vie quotidienne de chaque citoyen est davantage irriguée par la confiance sans preuve que par la vérification scrupuleuse rationnelle des réalités réceptionnées. Les médias diffusant ce qui se passe dans le monde, nous les croyons sans avoir d'autres choix que d'y croire, car sans réel moyen d'en vérifier l'exactitude ! Tout au plus, si nous avons un esprit assez critique et des capacités de jugement assez exercées, garderons-nous une distance avec ce que nous entendons et voyons pour discerner le vrai du faux. Dans la vie conjugale, familiale, professionnelle et sociale, civique, nous choisissons habituellement de faire crédit en proportion de l'estime qui nous lie aux personnes et aux groupes, mais dans ce domaine où domine l’affectif, nous ne pourrons jamais nous appuyer sur des preuves fondées sur la raison. 

S’il me semble donc heureux de recourir à la rationalité quand il s'agit de décortiquer et de pénétrer des réalités objectives, d'en définir la structure et le fonctionnement, il me semble dangereux de lui attribuer l'exclusivité de tous les espaces que comportent nos existences humaines. A force d’accepter de penser que toute vérité avancée doit apporter les preuves indiscutables de son authenticité, on risque de sombrer soit dans le scepticisme à court d'arguments objectifs, soit dans le doute ou l’indifférence, soit encore dans la désespérance de jamais raccrocher ses convictions à quelques parcelles de vérité. N’ayant aucune certitude du cœur de cette société "liquide", la conscience du Bien, du mal, du Bon, du juste, d'avoir à être libre et responsable, sombre dans le relativisme et le subjectivisme. Je ne puis prouver aux autres que j'ai raison dans mes convictions, qu'il existe un sens et un horizon à l'itinéraire terrestre et un mode de conduite préférable pour le parcourir et aboutir à bon port. 

Donc un "oui" sans hésiter aux apports des sciences, mais aussi un "oui" non moins sincère à la conscience dont est doté tout être humain. "Science sans conscience n'est que ruine de l’âme" disait Rabelais, tandis que Jean-Paul II évoquait ainsi ce devoir actuel et urgent : "Notre époque se trouve confrontée à un grand défi moral : harmoniser les valeurs de la science et de la conscience".

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