Spectateurs et acteurs…

On peut observer dans l'Humanité deux catégories de personnalités humaines. L'une est spectatrice du monde, elle consacre la plus grande partie de son temps à regarder, juger, commenter de loin et de haut. Elle ressemble à ces spectateurs dans les tribunes du stade du Mondial au Qatar. La pertinence de leur point de vue tient dans ces phrases creuses : « On devrait… Il n'y a qu’a… Il faudrait qu’on… ». Depuis les tribunes qui leur servent de tour de contrôle, ils se donnent l'allure d'experts… En réalité ils ne savent bouger que leur imagination et leur langue. 

La deuxième catégorie, que l'on entend moins s'exprimer et vociférer, est celle des petites mains de la société qui agissent et fabriquent au jour le jour. On pourrait dire d’eux qu'ils sont les acteurs, les artisans journaliers dont les œuvres mises bout à bout pansent les plaies, guérissent et améliorent le monde, le font progresser pas à pas sans baisser les bras ! Parmi eux, il est beaucoup de gens « de l’ombre » qui ne font pas parler d’eux, et d'autres connus et célèbres par ce qu'ils sont et font, qui versent le bien accompli au pot commun de toute l'humanité. 

Je pense aux chercheurs en tant de domaines qui, par leur science, font reculer l'ignorance et progresser les savoirs et les pouvoirs. Je pense aux soignants des corps, des cœurs et des âmes, aux enseignants qui, à l'image de gérants de banque alimentaire, partagent ce qu'ils ont eux-mêmes reçu. Je pense aux agriculteurs, aux éleveurs qui avec courage, confiance et passion, font alliance avec la Terre nourricière et les animaux domestiques afin qu’aucune génération d'humains de la maison commune ne soit menacée par la faim ! Je pense à toutes ces coordinations, ces associations solidaires, ces élus chargés de piloter le vécu collectif, à ces entreprises petites et grandes qui facilitent notre vie par ce qu'elles créent, fabriquent et vendent. Je pense à ceux qui nous logent, nous protègent, nous conseillent, nous font rêver et vivre, nous accueillent en vacances, sur les terrains de sport et de loisirs. 

Cette déjà longue liste, que chacun de mes lecteurs peut compléter à son gré, révèle la grandeur humaine des gens qui « font » et qui contribuent, chacun pour sa part et selon ses talents, à la vie de tous et de toutes. Je pense que si ces artisans acteurs, quels que soient leur grade et malgré les obstacles qu'ils rencontrent et les erreurs qu'ils peuvent commettre, devenaient les héros du stade, les commentateurs depuis leur tribune n'auraient plus, comme c'est trop souvent, les faveurs de la critique facile, mais oseraient eux aussi devenir acteurs d'un monde toujours en chantier. 

Partager l'humanité en ces deux catégories distinctes, comme le fait ce billet, apparaît sans doute caricatural. Car en réalité tout être humain recèle en soi les caractéristiques des deux tendances. Aussi je conseillerais volontiers de ne jamais juger les autres sans se remettre soi-même en cause jusqu'à se sentir appelé à s’ajuster !