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17 décembre 2022

4ème dimanche de l'Avent (Année A)

18 décembre 2022

Isaïe 7 10-16 - Romains 1 1-7 - Matthieu 1 18-24

 

Entre Dieu créateur et Dieu rédempteur, nous célébrons à Noël Dieu incarné, Dieu fait homme. "Et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous", professons-nous dans le Credo. Jésus n'est pas un vague mythe religieux, une invention. Mais un personnage de l'Histoire. Jésus de Nazareth, dont les parents étaient Joseph et Marie. Voici quelle fut l'origine de Jésus-Christ. "Marie, la mère de Jésus, avait été accordée en mariage à Joseph".

Les Evangiles, et Matthieu en particulier aujourd'hui, tiennent à souligner l'origine de Jésus. Jésus est né dans une généalogie, quelque part. Dans une période particulière de l'histoire. Après la création du monde vient donc l'Incarnation. Avec tout ce que cela implique de réalisme et d'objectivité. 

"Mais est-on bien certain que Jésus a existé ?", demandent les enfants à l'âge où l'esprit critique et scientifique commence à se manifester.

Nous croyons en Jésus de Nazareth dont Tacite, historien romain, rapporte l'existence : "le nom de chrétien provient du nom de Christus qui a été exécuté par le gouverneur Ponce Pilate sous le règne de Tibère..."  De son côté, Pline le Jeune, gouverneur de Bithynie, écrit en l'an 111 : "Les chrétiens se rassemblent un certain jour, tôt le matin, pour chanter des cantiques à un certain Christus considéré par eux comme un Dieu". Quant à Flavius Joseph, historien juif né à Jérusalem en 37 après J.C., il a connu la première communauté chrétienne de Jérusalem. Il écrit, dans les années 93 après J.C.: "En ce temps-là vivait Jésus, un homme de sagesse. Il fit des oeuvres merveilleuses. Il attira à lui beaucoup de Juifs et de païens..." A vrai dire, il apparait que l'existence historique de Jésus ne fait plus de doute pour personne. 

Comme disciples, nous croyons que Jésus de Nazareth était Dieu venu s'incarner sur terre. Le Créateur devient créature. L'infini Tout-Puissant accepte les limites spatiales et temporelles d'une existence humaine particulière. Jésus est Palestinien. Il naît dans une généalogie. Son identité est marquée par une culture, une famille, une époque. Et c'est à travers une existence humaine concrète qu'il révèle le visage de Dieu. "Qui me voit, voit le Père qui m'a envoyé", dira Jésus. 

Nous sommes la seule religion au monde à prétendre que Dieu s'est fait homme. Il me semble que l'Incarnation de Dieu comporte pour chacun de nous un grand message. Si Dieu lui-même s'est glissé dans l'histoire par une petite porte, s'il a accepté les conditions et les contraintes, les dimensions d'une vie humaine, comment pourrions-nous prétendre à progresser par un autre chemin que celui emprunté par Jésus ? Il nous faut donc consentir à développer le meilleur de nous-mêmes là où nous sommes et dans le temps qui est le nôtre.

Or grâce aux moyens d'information, aux satellites, à Internet, à la télévision, on vit de plus en plus à l'échelle du monde. C'est bien sûr une chance, mais peut-être aussi un double danger. Celui de se disperser tant il y a un flot continu de nouvelles qui se bousculent en nous. On risque de se sentir écrasés. Et d'en conclure que tout nous dépasse et qu'on n'a aucun pouvoir de faire changer les choses. La tentation alors est celle de l'escargot, se replier dans sa coquille. Ou bien, au contraire, l'autre danger est d'être tellement scotchés à l'actualité mondiale qu'on en oublie d'assurer ses responsabilités locales. 

Oui ! L'incarnation de Jésus nous ramène au réalisme. Oui, l'on peut agir, influencer, participer, à condition d'accepter d'être inséré quelque part. A condition d'ouvrir les yeux et le cœur sur les lieux où l'on est implanté. Accepter que le couple, la famille, le lieu professionnel, soient la bonne dimension de nos engagements. Les valeurs humaines de justice, de concorde, de paix, de création, nous ne pouvons pas les promouvoir à l'échelle mondiale, mais si nous commencions modestement mais avec confiance par les inscrire dans notre environnement local. 

On déplore la violence et la guerre. On déplore le fanatisme et le terrorisme. Les inégalités et les injustices. Ne peut-on produire sur place dans notre vie des anticorps à ces maux dont la société et l'humanité ont bien besoin pour survivre et avancer ? Plus il y aura dans le monde de gens vigilants, embrayés, généreux, plus la société, par une sorte de communion internationale, progressera en humanité. 

Une belle idée, fût-elle bonne et généreuse, ne devient intéressante et utile que si elle prouve son efficacité quand elle est mise en application quelque part. Ce que Jésus a vécu dans une vie singulière et particulière a obtenu désormais une référence universelle et exemplaire. En tout temps et en tout lieu, l'Evangile est semence de vie, d'humain, d'Amour, de Pardon, de progrès. Il n'est pas de culture, d'époque ou de lieu sur terre où le Christ ne puisse être source d'inspiration et de civilisation. On peut être Indien, Chinois, Américain, Arabe ou Papou et pleinement ami du Christ, ressourcé à l'Evangile. 

Tout en étant bien sûr citoyen du monde et se reconnaissant enfant de Dieu, Père unique et universel de tous les êtres humains, le chrétien, à la suite du Christ, est donc inséré, incarné quelque part. Et dans ce lieu particulier d'une vie il développe et offre ses talents. Il contribue à faire émerger un monde meilleur. Il participe pour sa part avec le Christ au salut du monde. 

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