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Les billets du Père Lucien Marguet
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17 mars 2023

Euthanasie et onction des malades…

 

Tenir une position réservée et même opposée face au recours à l’euthanasie et à l'aide au suicide assisté ne doit pas être considéré comme une dérobade devant les souffrances d'une personne en fin de vie ! Animé de compassion comme tout être humain qui assiste impuissant au processus de destruction qu’est la mort annoncée, le chrétien déploie mille gestes de présence et d'amitié en des visites régulières. Telles des plages qui se laissent recouvrir par la mer, ces rencontres ultimes sont souvent silences et accueil des interrogations et des confidences de la personne alitée. Qui fait l'expérience de cet accompagnement apprend vite que la fidélité à ces visites ne réclame pas beaucoup de paroles, puisque la présence seule témoigne d’elle-même de l'affection et des moments clés du passé. 

Comme la plupart des soignants s’exprimant sur ce sujet, les chrétiens ressentent ces séquences ultimes comme d’authentiques tranches de vie. En plus d'accomplir les gestes et les comportements auxquels sont invités tous les humains en telles circonstances, les chrétiens ont la possibilité de célébrer avec le malade le sacrement de l'onction. Par ce rituel, Dieu lui-même s’assied à la hauteur du lit où souffre le patient. Il vient porter la croix si lourde de celui qui sent arriver la mort. 

L’onction des malades peut être demandée et reçue bien avant que la santé ne se détériore gravement, puisqu'elle est un signe donné en Eglise de la présence de vie et d'amour fidèle de Dieu lui-même. Comme tout sacrement, il est à l'image d'un pont suspendu entre ciel et terre, entre le temporel actuel et l'éternel. Il est aussi un appel à la confiance face aux souffrances et à l’échéance prochaine et certaine. Je sais que l'habitude avait été prise par le passé d'appeler les prêtres en dernier recours, et que certains attendaient même que le malade n'ait plus sa conscience. On voulait lui éviter que la visite du prêtre soit comprise comme l'annonce imminente de la mort. Heureusement l'onction des malades a repris une place favorable qui abonde la présence de Dieu, sa miséricorde, son pardon, et son soutien jusqu'au terme de la vie. En saint Jacques 514-15 : « Si l'un de vous est malade, qu'il appelle ceux qui exercent dans l'Eglise la fonction d'anciens : ils prieront sur lui, après lui avoir fait une onction d’huile au nom du Seigneur. Cette prière inspirée par la foi sauvera le malade : le Seigneur le relèvera et s'il a commis des péchés, il recevra le pardon ». 

Il est autour de nous tant de gens qui nous quittent en ignorant tout de leur « avenir ». Il apparaît que le don de l'onction peut remédier à ce manque de lucidité et que « savoir » peut aider à croire, tout comme croire peut aider à vivre cette transplantation qu’est la mort au temps et à l'espace. Il me semble qu'être rassuré sur l'aboutissement du chemin en facilite moralement et spirituellement le trajet, même s'il est chaotique.

« Ma vie, nul ne la prend mais c'est moi qui la donne », disait Jésus avant de mourir en croix.

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