Religion et foi ?

Le quotidien La Croix a publié récemment un sondage dans lequel on découvre une jeunesse attachée à la religion catholique plutôt vécue sous une forme traditionnelle, qui s’exprime par le goût pour le cérémonial des cultes, les rituels, les traditions et les pèlerinages vers certains sanctuaires. L’article nous révèle que cette jeunesse a en commun d’être née dans des familles attachées elles-mêmes à cette religion dite « de tradition », auxquelles pourtant s’ajoutent des jeunes sans attaches religieuses, touchés par la musique et le chant grégorien et les messes usant du latin. 

Personnellement, je ne juge pas négatif ce qui peut apparaître à d’autres comme un retour au passé de l’Eglise préconciliaire. En effet, ne peut-on percevoir dans ce regain de soif de religieux un besoin d’être secouru et rassuré, dans un monde chamboulé et mouvant ? A travers la beauté des liturgies, l’assurance exprimée des processions et le nombre de pèlerins marchant ensemble vers le même lieu, n’y a t’il pas pour cette jeunesse un bonheur partagé d’exprimer les mêmes convictions ? On peut comprendre ce besoin de se regrouper à partir d’une même sensibilité qui relie à d’autres et de faire corps avec eux, ainsi qu’avec les communautés ecclésiales du passé dont ils se sentent héritiers. On peut comprendre aussi cette réaction de protection face à un monde de bien des façons hostile à qui prononce le nom de Dieu ! Toutefois cette religion recours et secours, bien que profondément ancrée dans les cœurs, doit se laisser interpeller avec humilité et fraternité. 

Il me semble que Jésus n’est pas venu apporter une religion de rites, de traditions, d’obligations, mais une nouvelle façon de croire : « Je ne suis pas venu pour abolir mais pour accomplir les lois apportées par Moïse au peuple hébreu ». On peut donc souhaiter à ces jeunes épris de pratiques « religieuses » de découvrir la mission dont le Christ lui-même a montré le chemin : « Je suis venu pour que tous aient la vie, et la vie en abondance ». A chaque croyant catholique en particulier de vivre en son temps et au moyen de ses capacités l’Evangile de vie qui améliore, guérit, soulage, embellit, et contribue, aux cotés de Jésus, au « Salut du Monde ». Contempler, prier, rendre grâce, méditer…, les manifestations religieuses spécifiques non seulement ne doivent jamais être une fuite des réalités parfois dangereuses et douloureuses du monde, mais elles doivent surtout être un appel à contribuer à l’améliorer. 

Le pape François rappelle souvent aux croyants en Dieu qu’il leur faut aller aux périphéries. Cette insistance révèle le danger de rester entre soi, partageant les mêmes émotions au service d’une religion ressentie davantage comme un réconfort protecteur et rassurant. En réalité, par les évangiles nous comprenons que Jésus nous pousse à « sortir » comme Lui le fait chaque jour, afin de diffuser son message et de soutenir la vie de gens blessés qu’il n’a cessé d’appeler, de relever, de libérer afin qu’ils puissent accéder à la vraie vie.