Quelles racines au terrorisme ?

Des attentats fomentés par des terroristes radicalisés de la mouvance islamiste font ressurgir l'éternel débat sur la distinction à effectuer entre la religion de Mahomet, le Coran, et son interprétation politique qui fait de Dieu un instrument cautionnant leurs œuvres mortifères. Je suis entièrement d’avis que tuer au nom de Dieu est un crime odieux non seulement contre l'humanité, mais en même temps contre celui qui est universellement connu et prié sous le nom de Dieu. Les fidèles de l'Islam authentique souffrent eux-mêmes de cet abus sacrilège du divin pour se donner raison de tuer, fussent des athées ou des adeptes d'autres religions. Car « Tu ne tueras pas ! » est une des lois fondamentales auxquelles les croyants de tout bord ont le devoir indiscutable de se référer. A y regarder de près, on s'aperçoit vite que les terroristes cherchent peut-être davantage à se donner bonne conscience face à la décision qu'ils prennent de revêtir l’habit d'assassin de leurs frères ou sœurs en humanité, à l'image de Caïn tuant Abel. 

Toutefois il me semble que ces actes ne doivent pas nous interdire de réfléchir et en particulier de chercher à identifier les causes et les raisons à la source de tels projets destructeurs. La toile de fond est une conception diamétralement opposée entre ceux pour qui la foi en Dieu est une démarche « personnelle » et « libre » selon la volonté même de Dieu, et ceux qui prétendent que tout être humain est obligé par Dieu de croire en lui, jusqu'à être menacé de l’enfer et même se voir ôter la vie. Or il m'a toujours semblé que toutes les périodes de l'histoire durant lesquelles l'Eglise détenait le double pouvoir politique et religieux, tentée qu'elle était alors de recourir à la menace et à la force, ont été destructrices du témoignage que le Christ Jésus lui a confié et du rôle spirituel et moral qu'elle se devait d'assumer. 

Croire en Dieu passe toujours par un choix libre et responsable. Car Dieu a créé l'Homme pour qu’il lui ressemble et non pour qu’il se soumette à lui sans son consentement. Il est évident que toute dictature, tout système politique théocratique ne peut générer que domination et obligation, jamais la dignité et la liberté de conscience. Pour garder distinctes et distantes les sphères du politique et du religieux, la laïcité pratiquée dans les institutions de la République, telle l'école, est inadmissible et intolérable pour les islamistes qui ont une conception totalisante de Dieu. Les plus fanatiques pensent que la laïcité serait une façon pour les athées de dire que Dieu n'existe pas. Il n'est donc pas étonnant que l'école publique où la laïcité est de rigueur puisse devenir pour les terroristes une cible pour ces hommes et ces femmes qui s’érigent en défenseurs de civilisation et qui mettent la croyance en Dieu obligatoire, au centre de tout ! 

Attention, je ne dis dans ce billet qu'une chose : ne nous contentons pas de condamner, essayons aussi d'analyser et de comprendre où naissent ces chocs de civilisations, dans le but de les démasquer. Dans un monde constellé de moyens de communication et d'interconnexion, il ne faut pas s'étonner que les idéologies, elles-mêmes par nature dogmatiques et assurées de détenir la vérité absolue, aient des réflexes de violence, si en plus leurs croyances leur font un devoir d'anéantir ceux qui réclament d’assumer eux-mêmes les choix et la conduite de leur vie. Les totalitarismes sévissent et parfois submergent toute idée de communication jusqu'à faire taire ou mettre à terre celui qui est regardé comme un adversaire ! 

Avec les chrétiens je crois en Dieu révélé en Jésus qui aime tellement chaque être humain qu'il ne l'abandonne jamais, combien même il s’égare en chemin. La parabole du Père de l'enfant prodigue en est une lumineuse illustration. Il est un seul Dieu, créateur de l'univers, mais tant de façons différentes d'en parler et de l'entendre !