Bonheur de prêtre…

Il m’arrive d’être invité à exprimer les moments de bonheur et de joie de ma vie de prêtre diocésain. Sur le demi-siècle de mon ministère actif, je n’hésite pas à dire que ce qui m’a rendu le plus heureux, ce furent tous les contacts humains qui m’ont enrichi de confidences et de confiance, de la part de gens en quête de sens en toutes circonstances de leur existence. 

Dans toutes les missions que j’ai pu recevoir, ce que j’ai le plus apprécié et pratiqué a été la rencontre des couples s’acheminant vers leur mariage, puis sollicitant le baptême de  l’enfant qu’ils venaient d’accueillir au monde. Les réunions de jeunes foyers préoccupés de l’éducation de leurs enfants, de leur investissement dans leur profession et dans leur commune, m’apprenaient beaucoup sur l’humain tel que déployé aujourd’hui. La catéchèse des enfants et la rencontre des parents étaient pour moi des séquences riches d’enseignement et d’appels à semer les graines d’Evangile les plus adaptées aux besoins discernés et exprimés. D’une manière générale, j’ai reçu beaucoup de réconfort chaque fois que j’ai participé à des moments de partage de vie et de foi, de questionnement sur soi et le monde ! 

La préparation des obsèques et la célébration de cette ultime étape m’ont toujours ouvert les yeux sur la part d’ombre et de lumière que comporte toute existence. Du même coup je me suis toujours efforcé, avec les familles en deuil, de témoigner de la dimension religieuse de l’humain dans lequel il est possible de reconnaître Dieu présent par son Esprit. Et je suis convaincu que c’est sur cette frontière entre l’humain et le divin que le prêtre a vocation à se situer. 

Prêtre, je suis tenu d’être bien informé et embrayé à tout ce qui exprime l’humain, et en même temps je dois être animé et habité par l’Esprit divin. Je dois ainsi être en mesure de favoriser chez les gens et les communautés la relation et la conjonction entre l’humain et le divin à la suite de Jésus, Fils d’homme et Fils de Dieu. Cet exercice de réception et de contemplation de Dieu dans la vie la plus ordinaire a pu être nommé une « lecture croyante ». Or il me semble que c’est là le cœur du ministère presbytéral. Il consiste pour le prêtre à le mettre en application dans toutes les occasions qui lui sont offertes, en particulier à l’occasion de la demande de sacrements, mais aussi de contacts lors desquels peuvent surgir des questions qui mobilisent la réflexion jamais refermée ni satisfaite, mais toujours ouverte vers plus de profondeur. 

De plus, je le redis en m’appuyant sur mon expérience, toutes les fois où j’ai pu échanger en profondeur et en vérité avec des gens divers et différents, de toutes catégories, je me suis senti heureux et en très grande proximité de cœur, d’esprit et d’âme. Dans les fonctions qui m’ont été attribuées, j’ai le plus souvent proposé aux confrères prêtres de nous entraîner à perfectionner ce regard et cette écoute attentive de la vie humaine. Ainsi que la simplicité du langage que nous utilisons pour diffuser le message évangélique et faire connaître le visage de Dieu que Jésus nous a révélé.

Aussi, au lieu de succomber à la tentation de nous lamenter sur les blessures de notre Eglise et de la société, réjouissons-nous d’avoir encore le bonheur d’accueillir toutes ces personnes qui demandent à l’Eglise et à ses membres de les aider à se frayer un chemin sensé en prenant peu à peu conscience que Dieu marche à leurs côtés. Les plus intenses bonheurs m’ont été donnés chaque fois que j’ai vu des personnes découvrir et rencontrer Jésus, et choisir de le prendre comme logiciel de leur vie.

Comments

[Cathy]

Merci mon Père c est tout à fait vrai que j ai pu découvrir jésus et réaliser qu il fut toujours avec moi malgré ma conversion tardive.

Merci encore mon Père